Belle Gibson est une menteuse. Mais pas de celles qui ruinent les carrières de pauvres hommes comme Stéphane Plaza. Non, c’est une vraie de vraie, une OG même. Cette influenceuse australienne était connue pour son combat acharné contre son “cancer malin du cerveau”. Sauf qu’elle n’a jamais été malade. Une histoire farfelue, qui ressurgit sur Netflix avec la minisérie « Apple Cider Vinegar ».
Une influenceuse australienne à succès et une gigantesque supercherie pour une histoire bien ancrée dans son époque. L’affaire remonte à plus de 15 ans en arrière, en 2009. Âgée de 18 ans, Belle Gibson partage sur Instagram le diagnostic de son “cancer malin du cerveau”, en phase terminal. À en croire la jeune femme, les médecins lui donnent “six semaines, quatre mois tout au plus” à vivre. Sauf qu’elle n’a en fait jamais été malade.
Comment Belle Gibson a guéri du cancer grâce à « la nutrition, la patience, la détermination et l’amour »
Le mensonge prend : Belle Gibson bouleverse Internet, et des millions de followers s’abonnent à son compte pour la soutenir et suivre son combat contre la maladie. Quatre ans plus tard, en 2013, l’influenceuse annonce être en rémission, après moult combats et épreuves toutes plus larmoyantes que les autres… Surtout, elle prétend avoir renoncé à la chimio et à la radiothérapie. Belle Gibson l’affirme : elle a guéri uniquement « grâce à la nutrition, la patience, la détermination et l’amour« . Rien que ça.
Il faut savoir qu’Instagram n’en est encore qu’à ses débuts, et qu’à l’époque, 200 000 abonnés, c’est déjà beaucoup. Juste assez pour que Belle Gibson fasse un carton avec The Whole Pantry, une application mobile payante autour du bien-être. Un an plus tard, en 2014, l’influenceuse publie un livre de nutrition, qui se vend à près de 300.000 exemplaires. L’australienne en vient même à se faire sacrer « femme la plus inspirante de l’année » par Elle Australie et à recevoir le prix « Fun, Fearless Female » par le Cosmopolitan…
La découverte de la supercherie
Mais la supercherie ne peut pas durer beaucoup plus longtemps. L’inévitable se produit, la vérité éclate au grand jour : Belle Gibson n’a en fait jamais souffert d’un cancer foudroyant. Les rumeurs circulent, jusqu’à ce que l’influenceuse avoue en avril 2015, dans les colonnes de The Australian Women’s Weekly. Comme beaucoup de mythomanes, elle admet avoir été prise à son propre jeu, déclarant : « Je navigue encore entre ce que je pense savoir et ce qui est réel. Je l’ai vécu, et je ne suis pas encore complètement là. »
« Apple Cider Vinegar » : la minisérie Netflix qui observe l’arnaque de l’influence à la loupe
C’est justement cette perdition et ce rapport à la vérité, qui a intéressé l’équipe de la minisérie Apple Cider Vinegar, diffusée sur Netflix, qui retrace l’arnaque de Belle Gibson. Au fil des scènes, la série nous trimballe entre le réel et le fictif, en commençant chacun de ses épisodes par ce message : « Ceci est une histoire vraie… en partie basée sur un mensonge. » À travers Belle Gibson, c’est toute la génération de l’arnaque de l’influence qui pointe le bout de son nez. L’australienne était l’une des premières escrocs d’un nouveau genre. Apple Cider Vinegar ne manque pas de nous montrer aussi l’impact de ces discours mensongers dans la vie de personnes bien réelles… Et la part d’ombre de l’industrie du bien-être, qui pesait 6,3 trillions de dollars en 2023. La BBC nous rappelle le cas du guérisseur Hongchi Xiao, condamné en décembre dernier pour homicide involontaire après la mort d’une femme diabétique ayant cessé de prendre son insuline sous son influence.
Quant à Belle Gibson, en 2017, elle a été condamnée à rembourser 410 000 dollars australiens pour infractions à la loi sur la consommation. En 2021, la presse a révélé qu’elle n’avait toujours pas payé ses amendes, qui dépassaient désormais 500 000 dollars. Le mensonge, ça coute cher…