Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Leyla McCalla, Breaking the Thermometer
Commençons si vous le voulez bien avec le nouvel album de Leyla McCalla, et par une intro d’album — « Nan Fon Bwa » — bercée de cordes, de percussions, d’une transe douce qui met la spiritualité au centre du propos et qui ouvre donc un disque en forme de nouvel hommage à la belle île d’Haïti, aux libertés qu’elle invoque, aux formes de résistances qui y persiste à travers les âges. « Le Bal est fini », dit aussi la chanteuse et multi-instrumentiste haïtienne…
The Bongo Hop, La Ñapa
Et nous aurions tort de lui donner tort, car en effet, il est fini, le Bal. Ou plutôt, il ne fait que commencer. La première édition du Bal de Nova s’est tenue le week-end dernier à Montpellier, en appelle logiquement beaucoup d’autres, et a abouti à un véritable feu d’artifices ouvert, c’était un honneur, par la formation regroupée autour du trompettiste et grand chef d’orchestre Etienne Sevet. Celle-ci se nomme The Bongo Hop, partage sa passion pour les musiques afro-caribéennes et pour le métissage que celles-ci impliquent, et sort, aujourd’hui, son nouvel album, La Ñapa. Un album hors du temps qui se consomme les lèvres collées, pourquoi pas, à un verre de rhum et baignées dans le soleil brûlant des Caraïbes et surtout, les oreilles grandes ouvertes. Prenez le temps, on en a encore un peu.
Blackstar, No Fear of Time
En parlant de temps, Mos Def et Talib Kweli ont su le prendre, l’étendre, le diluer, le mettre à profit pour mettre sur pied, vingt-quatre ans plus tard et après le classique Mos Def & Talib Kweli are Black Star, un second album qui, miracle de l’alchimie entre deux êtres, n’a rien perdu de la force lyriciste et rythmique qui émanait du précédent. Un travail minutieux rendu possible, aussi, par une autre légende, le producteur Madlib, qui a façonné le son de ce disque à mettre entre les oreilles de tous les amateurs de hip-hop à l’ancienne, très conscient, plein de talent. À écouter par ici et juste par ici.
CHATON, VIOLENT BEAU
Dans un autre genre — mais non, on parlera pas ici de hip-hop, calmez-vous —, on salue le nouvel album du camarade CHATON, qui continue d’écrire des poésies pleines de spleen, de punchlines, d’une tendresse qui s’appuie, toujours, sur des productions dub et une forme de petite dépression existentielle qui dure, qui se sublime, qui donne ce VIOLENT BEAU aussi attachant que cette punchline tirée parmi 100 autres : “Plus personne n’en a rien à foutre / Mais je continue dans le doute / P’têtre qu’en cachette mon père écoute / Même s’il me parle plutôt de foot”.
Bertrand Belin, Tambour vision
Voix préférée de vos artistes préférés (en featuring avec The Limiñanas sur « Dimanche », avec Plaisir de France sur « Serpent » ou avec Laurent Bardainne & Tigre d’Eau douce sur « Oiseau »), Bertrand Belin s’affirme aussi en solo sur une discographie qui se voit complétée, aujourd’hui, par un septième album studio (en quinze ans, c’est pas mal !). Tambour vision confirme qu’il s’agit bien là, avec ce chanteur qui se la joue aussi écrivain (et aussi sosie officiel de Bashung, mais c’est une autre histoire), qu’on a affaire à l’une des plumes les plus affutées, les plus malignes et les plus élégantes de la pop française. Exemple : « Je viens d’une longue lignée d’ivrognes / Troubles fêtes / Gâcheurs de noces / Épouvantails d’abri bus« . Un texte qui s’appuie ici, et ailleurs, sur les synthétiseurs raffinés de Thibault Frisoni et Tatiana Mladenovitch et qui donne un album sur lequel on pourra chanter en chœur : « Tambour, es-tu le bon tambour ? » car, après tout, pourquoi, avec Belin, ne pas se poser la question ?
Miel de Montagne, Tout autour de nous
« Et si je reviens sur la Terre, je t’appelle », nous dit Miel de Montagne sur le morceau qui ouvre l’album Tout Autour de Nous. Nous lui répondons donc que nous l’attendons, ce Français follement sympathique qui a livré une chouette Chambre noire ce mercredi après nous avoir fait couler de joie avec le morceau « Trop vite », en playlist sur Nova. « Laisse-toi porter par la vibe mais surtout reste toi-même un peu vague« , chante-t-il aussi avec Jacques avec qui il partage une humeur, une attitude, une philosophie très macdemarcienne à la française qui consiste à se montrer détendu, détaché, désinvolte et surtout drôlement doué pour grimper tranquillou toutes les montagnes du monde et regarder, de ce fait, la pop française depuis tout en haut. « Non je n’ai rien fait pour te plaire« . Oh ben si, quand même un peu Miel, non ?
Ibeyi, Spell 31
Terminons par Spell 31, l’album des sœurs jumelles Lisa Kainde et Naomi, qui forment Ibeyi et qui trouvent, dans la musique, la voie vers une forme d’harmonie, d’équilibre, de magie. Ce disque-là est nommé à partir du Livre des morts des anciens égyptiens (no joke) mais, paradoxe qui n’en est pas un, respire une vie pleine de souffle, d’énergie, de merveilles pop, R&B, soul, jazzy, électronique, interprétées parfois aux côtés de Jorja Smith, Pa Salieu, BERWYN. Foncez, rêvez, respirez. Et prenez le risque d’ouvrir ce livre-là car, magie : ici, les morts suggèrent avant tout la vie.