Disparue ces dernières heures, Betty Davis laisse derrière elle l’image d’une icône de la funk, icône que Clémentiner Spiler raconte dans son podcast « Pionnières ».
1967, à New York. Betty Mabry est une figure de la contre-culture New Yorkaise. Mannequin, gérante d’un bar, elle traîne avec les stars de l’époque, Jimmy Hendrix, Eric Clapton, Sly Stone. Avec ses amies, elle a créé une petite clique qu’elles ont appelé les Cosmic Girls. Ce sont les filles les plus cool de New York. Betty fréquente les stars et s’amuse avec les groupies mais elle insiste toujours sur une chose : elle est bien plus intéressée par la musique que par les musiciens. Jimi et Sly deviennent ses amis. Elle leur confie son secret : il y a cinq ans, elle est venue à New York pour faire de la musique.
Betty a été élevée aux disques de Blues de sa grand mère, dans une ferme de Caroline du Nord. Née en 1945, elle a grandi dans une Amérique ségréguée. Il ne reste pas grand chose de cette petite provinciale dans la magnétique jeune new yorkaise qu’elle est devenue. À part une détermination à toute épreuve et un goût pour l’écriture de chansons.
Ce soir de 1967, Betty est allée voir un concert de Jazz. Ce qui n’est pas tellement dans ses habitudes. Le jazz l’ennuie, et pas grand chose ne la retient dans ce club de Greenwich Village, à part le trompettiste sur scène. Il s’appelle Miles Davis. C’est une star. Il subjugue beaucoup de femmes dans la salle mais lui n’en voit qu’une seule.
À la fin du concert, il envoie son garde du corps chercher Betty pour lui proposer un verre. Elle accepte. Betty et Miles se marient dans l’année qui suit. C’est le début d’une union chaotique, violente, incroyablement prolifique pour chacun musicalement, surtout très courte. La première décision de Betty Davis est de jeter tous les costumes trois pièces de son mari. Bientôt, Miles, quarante deux ans, se balade au bras de sa femme qui en a vingt de moins, en pantalon de cuir et lunettes de soleil avec son pote Jimi Hendrix dans les clubs de new york. Betty le transforme, personnellement et musicalement. Elle est à l’origine du tournant électrique et du renouveau de sa carrière. Elle l’expose au rock et à la funk et Miles en redemande. Il a considère comme sa muse et c’est ainsi que l’histoire l’a longtemps retenue.
Pour aller plus loin
Le documentaire de Philip Cox, qui a retrouvé Betty Davis, They say I’m different (2017)
Betty Davis figure parmi les Culottées de la dessinatrice de BD Pénélope Bagieu. Betty se trouve dans le tome 2, mais il faut aussi lire le tome 1 pour découvrir toutes ces femmes incroyables et le talent de Pénélope, qui vient d’ailleurs d’être récompensée d’un prestigieux Eisner Award.
Au moment où sortait cet épisode de Pionnières, un nouveau morceau composé par Betty Davis a été mis en ligne. C’est le premier en quarante ans.
Un épisode écrit et raconté par Clémentine Spiler et réalisé par Malo Williams.
Visuel © Betty Davis (album), Just Sunshine, 1973