Le 28 septembre, la Ferme du Buisson se pare des plus beaux atours sud-africains.
Dans le cadre de la saison France-Afrique du Sud 2012/2013, ce lieu atypique vous invite à découvrir sur scène la crème de la création artistique contemporaine, performances, concerts, de la danse. De 22h30 à 4h se succéderont Phuphuma Love Minus, The Brother Moves On, la compagnie Via Katlehong, Albert Ibokwe Khoza, DJ Nicky B…
Côté danse, l’événement de cette édition, c’est la venue de la chorégraphe Robyn Orlin pour une création originale « Who needs ‘center stage’ when one’s role is to be a caterpillar ? ». Un des temps forts de la nuit. Le spectacle est un solo qui explore les différentes métaphores de la chute, le premier opus d’un diptyque. Affaire à suivre donc…
Le DJ Mo Laudi (son soundcloud) est également de la partie. L’artiste a finalement posé ses valises dans la capitale hexagonale. Retour sur ce parcours mouvementé avec le principal intéressé (en photo ci-dessus, crédits : Sarah Benabbou) et mise au point sur ce qui vous attend à la Nuit Curieuse :
Après avoir bourlingué entre l’Afrique du Sud, l’Angleterre, les Etats-Unis, le Japon et après avoir écumé de nombreux festivals, de Glastonbury à South by Southwest, pourquoi Paris ? J’ai décidé de m’y installer il y a quelques années parce que j’avais le sentiment que cette ville avait besoin de quelque chose de nouveau, qu’il lui fallait du bruit ! Je mixe régulièrement à la Favela Chic, au Wanderlust et dans pas mal de soirées…
Et quand vous mixez, quels genres jouez-vous ? Par exemple à la Nuit Curieuse, qu’allez-vous faire ? Ce sera très éclectique. La musique que je fais, c’est un voyage entre les sonorités. J’aime emmener les gens dans ce périple de rythmes qui passe par toutes les évolutions de la musique. Le dancefloor doit se transformer en un brasier qui les amène à la transe! J’essaie d’abolir les frontières entres les genres. L’histoire que je raconte s’inspire autant du disco que de la house sud-africaine ou de Chicago en passant par le funk britannique et le Kwaito.
Le Kwaito, vous pouvez le définir ? C’est un mouvement apparu aux alentours des années 90 dans le pays (Afrique du Sud) en réaction à l’Apartheid. Plusieurs DJ se sont mis à ralentir la House Music. Ils ont fait passer le BPM à 106 (il oscille d’habitude entre 118 et 135, ndlr) ensuite ils ont commencé à rajouter des voix africaines par-dessus, ça ressemblait à la fois à de la pop et au hip-hop. Cette musique, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui le Moombahton, ce truc devenu assez populaire aux USA grâce aux sons de Diplo… C’est le même style que ce qu’on entendait en Afrique en 1990, ce son-là était vraiment avant-gardiste.
Lors de cette Nuit Curieuse, il y aura The Brother Moves On, décrivez-nous ce que fait le groupe… Les voir, c’est une expérience qui va au-delà de la musique! C’est une performance incroyable que ce soit leur musique ou les costumes qu’ils portent et leur façon d’interagir avec le public Il faut le vivre en vrai et ne pas se contenter de les écouter chez soi. Un live de The Brother Moves On, c’est différent de tout ce que vous avez pu voir auparavant.
A vous de juger juste en-dessous :
Et côté danse, Phuphuma Love Minus accompagnera ce qu’on appelle l’isicathamiya… C’est quelque chose de très très zulu en raison du Township* d’où ça vient. Ce sont des mecs qui se sont mis à chanter ce qu’ils ressentaient, à chanter ce qui se passait au sein de la communauté et c’est ça l’essentiel de l’isicathamiya, ces perfectionnistes qui veulent s’exprimer et montrer qu’ils sont plus puissants que les problèmes auxquels ils sont confrontés.
A découvrir aussi le Pantsula, une danse très particulière. Mo Laudi, vous dansez ? Plus maintenant. Quand j’étais gosse, j’étais un très bon danseur mais c’est fini. Le style pantsula s’est aussi développé dans un township, comme beaucoup de styles en Afrique du Sud. C’était dans les années 1980 à l’époque où les gars cools traînaient au coin de la rue, jouaient aux dés. Les Thugs** comme on les appelait. Ils avaient cette façon de bouger et ils ont commencé à danser pour le plaisir. Le Pantsula, ça consiste à danser sur de la House Music assez rapidement. Regardez la vidéo de Beyoncé, « Who Runs The World ? » et vous verrez, ils copient les pas de danse Pantsula…
Le DJ dit vrai. Beyoncé danse bien, nul besoin d’en débattre. Mais l’originalité n’est pas son fort. Dans le clip « Who runs the world ? (Girls) », elle s’inspire plus que directement du Pantsula. Et pour faire taire les mauvaises langues, regardez le clip, elle danse avec Tofo Tofo, groupe de… Pantsula :
Bheka! South Africa, c’est à la Ferme du Buisson de Noisiel dès 22h30. A noter également la présence du scénographe Marc Lainé qui présentera son récit théâtral inspiré de la vie d’Oscar Pistorius, premier athlète handicapé (amputé des deux tibias) à avoir couru avec les valides aux Jeux Olympiques de 2012. Il a récemment été accusé du meurtre de sa compagne, le mannequin Reeva Steenkamp.
Plus d’infos et programmation complète sur le site web du lieu.
*En Afrique du Sud, les townships désignent les zones urbaines souvent pauvres et sous-équipées, réservés aux non-blancs, quartiers où on les envoyait souvent de force à l’époque de l’Apartheid.
**Thug = voyou, loubard en français