Artistes, créateurs et activistes contre la société de surveillance
10h sur Nova : dans le Grand Mix matin c’est l’heure des cultures combattantes. Notamment avec ces artistes qui dégomment la société de contrôle. Pan !
Rappelez-vous d’Adam Harvey, déjà signalé sur NOVA il y a quelques temps dans cette même rubrique : artiste new-yorkais engagé contre la surveillance permanente qui régit notre société, il a développé un projet pour déjouer la biométrie et autres systèmes de reconnaissance faciale. Une technique intitulée « CV Dazzle » (CV pour « computer vision », dazzle pour « éblouir »), coiffure extrême et maquillage tribalo-cyberpunk qui font bugger les ordinateurs.
Puisque les machines se basent sur nos « key facial features » pour nous reconnaître (à savoir les yeux, le nez et la bouche), il suffit pour leur échapper de les faire disparaître ou mieux, de faire croire qu’ils se trouvent ailleurs. De quoi semer la confusion parmi les algorithmes profileurs.
Stealth Wear
Adam Harvey récidive avec des vêtements drone-proof ! Pour compléter votre panoplie et passer inaperçu, enfilez donc votre cape anti-drones qui rendra la chaleur de votre corps indétectable aux caméras thermiques. Vous y gagnerez en prime un petit look de super héros tout à fait de circonstance (ou de femme en burka, c’est selon).
Dans votre poche, votre téléphone sera bien sûr glissé dans son Off-Pocket, étui vous permettant d’échapper à toute localisation GPS et que Ben Laden vous aurait envié. Et avant de prendre l’avion, n’oubliez pas de revêtir le XX T-Shirt, qui vous protègera des contrôles aux rayons X – en cours de mise au point, bientôt disponible à la vente.
Vous serez ainsi parés des pieds à la tête de la collection Stealth Wear, à la pointe de la nouvelle tendance camouflage anti Big Brother.
CubeCubeClan
Mais Adam Harvey n’est pas le seul artiste à partir en croisade contre Big Brother. Dans un autre genre mais tout aussi seyant, Martin Backes a designé et fait produire 333 cagoules Pixelhead. Celle-ci ne vous protègera pas des drones ni des rayons X mais garantira votre anonymat au cas où l’un de vos amis éméchés décide de vous tirer le portrait dans une position embarrassante et de balancer tout ça sur l’interweb. De la même manière, vous pourrez laisser tomber les masques ridicules et partir braquer une banque avec style, sans craindre les caméras de surveillance. Un petit coup de pixel et le problème est réglé, mais il vous en coûtera tout de même 150€.
Camover
Sortons un peu du gadgets artivistes pour nous intéresser au monde des jeux, dans lequel la bataille contre la surveillance fait également rage. Et notamment à Berlin, où les activistes de Camover ont lancé un drôle de jeu participatif. Le principe est simple : il suffit d’enfiler une cagoule, de se trouver un nom de guerre à consonance militaire (Combo Van der Lubbe, par exemple), et de partir à la chasse aux caméras de surveillance postées à tous les coins de la ville pour les détruire. Le tout doit être filmé et posté sur Internet : vous gagnerez des points pour chaque caméra détruite et peut-être même des bonus si la méthode est originale. Que la compétition commence!
Plus qu’un jeu vidéo un peu débile transposé dans la vraie vie, les militants de Camover se présentent comme de vrais activistes à tendance anarchiste, fatigués du flicage constant des Berlinois et en particulier de ceux qui « correspondent au stéréotype prédéfini du déviant ».
On regrette tout de même qu’ils n’aient pas opté pour la Pixelhead plutôt que pour ces cagoules noires si convenues. Mais qu’importe l’habit.
Quelques initiatives d’actualité qui sont loin d’être isolées. En témoigne l’oeuvre de Bansky en illustration de cet article. Ou encore un groupe d’étudiants d’Edimbourg, ville la plus surveillée d’Europe, qui ont décidé l’année dernière de renverser les rôles en tapissant la ville des portraits géants de ceux qui habituellement surveillent, ceux qui travaillent tous les jours derrière la caméra. L’arroseur arrosé, dans le cadre de l’Inside Out Project du photographe JR.
Attention Big Brother, we’re fighting back.