Avec le français Fixi, le Jamaïcain est de retour.
C’est de la vision d’un monde en pleine déshumanisation qu’est venu, pour Winston McAnuff, ce nouveau cri humaniste. Le 31 décembre 2015, particulièrement marqué par la crise de ces migrants venus d’Érythrée, de Syrie, d’Afghanistan, ou d’Irak, et atterris à Calais, le Jamaïcain se rend dans la Jungle, bidonville géant autant géré par les exilés que par des bénévoles hyper investis dans lequel sont regroupés quelques 6 000 personnes. À une époque où la Jungle n’a pas encore été rasé par les pouvoirs publics (ce sera le cas en octobre 2016), Winston McAnuff y improvise un concert, et offre ce soir-là, ce qu’il a sans doute de plus précieux : ses chansons, bercées d’espoir, de paix, et de lendemains plus beaux.
De la Jungle à l’espoir
Winston McAnuff, parce qu’il se trouve alors confronté aux sorts de ceux qui ne possèdent plus grand-chose, ressortira de cette expérience bouleversé. Très rapidement, une évidence s’impose : son prochain album sera pourvu « d’un message humaniste fort, défendant la mixité des hommes et des parcours, valorisant les rencontres improbables fertiles en création plutôt que se renfermer dans un chacun pour soi identitaire. » Un album politique, et un album, nécessairement, humaniste.
Deux ans et demi plus tard, cet album, le deuxième interprété en compagnie de son compère français Fixi (accordéoniste de talent et producteur fou, qu’on a vu aussi aux côtés de Tony Allen, de Java ou de M) émerge enfin de l’esprit de celui qui a décidé d’exprimer directement la fraternité dont il a été le témoin à Calais. Une fraternité inscrite dans le titre même de son album, lui qui se nomme Big Brothers. « Big Brothers » au pluriel, c’est aussi une manière de dire la force de la diversité, en opposition au « Big Brother » qui, au singulier, renvoie à la figure totalitaire et toute-puissante pensée par le britannique George Orwell en 1948. Insister sur ce qui répare, plutôt que sur ce qui oppresse, en somme.
Album fraternel, album paternel
Et la diversité, à l’image des cultures tellement plurielle, qui se sont côtoyées pendant de si longs mois dans la Jungle – devenue au fil des mois une véritable ville – est vivace dans cet album. Un projet qui puise autant dans les sonorités cubaines que dans le pur reggae jamaïcain, dans les rythmiques réunionnaises ou dans la pop anglo-saxonne, ou dans ces instants (« Good Feeling ») qui rappellent les premiers amours gospels du Jamaïcain, née dans une famille de pasteurs dans les années 50 avant de véritablement percer au moment où il rejoindra Kingston, la capitale où est née la musique reggae, en Jamaïque. À noter aussi, cette collaboration avec Pongo, nouvelle reine du kuduro que l’on vous diffuse depuis un moment sur Nova par l’intermédiaire de son petit tube « Kuzola ».
Jusqu’alors, la dernière fois qu’on avait eu des nouvelles de Winston McAnuff, c’était un matin d’automne, il y a une petite année, à l’occasion des lives qu’on vous donnait deux fois par semaine dans Plus Près De Toi. Aux côtés de Ken Boothe, des membres de The Congos, et d’Inna de Yard (c’est le super band que les grandes stars jamaïcaines ont lancé ensemble il y a deux ans), ils avaient interprété quelques classiques émanant de cette île, la Jamaïque, minuscule d’un point de vue géographique mais tellement magistrale d’un point de vue musical. Une île et un son – le reggae ouvert sur le monde – dont Winston prouve, une fois encore, qu’il est décidément l’un des ambassadeurs les plus probants.
Nova vous offre des exemplaires de l’album, à venir chercher dans nos locaux. Enfin ça, c’est quand vous aurez gagné : jouez au tirage au sort avec le mot de passe donné sur la page Nova Aime.
Winston McAnuff & Fixi, Big Brothers, 2018, Chapter Two Records / Wagram Music
Visuel : (c) Facebook de Winston McAnuff & Fixi