Le label MF DOOM (Metalface Records) associé à Rhymesayers Entertainment a annoncé la réédition du deuxième album de KMD, “Black Bastard”, l’héritage controversé de Zev Love X honoré par un double vinyle.
MF DOOM, de son vrai nom Daniel Dumile décédé en 2020, aussi connu sous son ancien pseudo Zev Love X, est un rappeur à découvrir à titre posthume sur la réédition d’un disque méconnu du grand public What a Nigga Know ? tiré du projet Black Bastard signé par le groupe auquel il appartenait KMD en 1993.
Suite à la disparition de son frère (le Dj Subroc dans un accident de voiture), le groupe KMD se sépare après la sortie avortée de leur dernier album Black Bastard en 1994. Une période tragique pour Zev Love X qui entraîna sa sortie de l’industrie musicale pendant un long moment. Également à cause de la pochette de l’album sur lequel apparaît un personnage de cartoon noir pendu au bout d’une potence, chose qui n’a pas du tout convenu a son label Elektra records, qui refusa de publier le projet à cause de cette illustration violente.
Un enchaînement d’événements qui va plonger Zev Love X dans une profonde dépression, puis le faire complètement disparaître de la carte du rap pendant quelques années.
Plusieurs versions laissent supposer qu’il a vécu dans la rue durant quelque temps. Et dans le milieu du rap, on guettait avec espoirs les rumeurs de sa réapparition.
Finalement, il fait son retour des années plus tard, prêt à rendre les coups, avec un changement d’apparence radical : il porte désormais un masque de fer sur la tête, comme un méchant de comics. (MF est un acronyme pour Metal Face et DOOM signifie « destin funeste »)
Un projet de réédition qui peut interroger sur des questions éthiques.
Est-il vraiment juste de ressortir cet album quand on connaît son histoire ? Comment sa non-sortie a été vécue comme une trahison par son auteur, qui l’a amené en partie à vouloir prendre sa revanche sur l’industrie du disque pendant le reste de sa carrière, après s’être senti abandonné quand il était au plus bas ?
Comment exploiter ou non l’héritage des artistes qui ne sont plus avec nous, tout ça même si les ayants droit de leur catalogue rendent leurs anciens morceaux disponibles, surtout quand c’est un disque avec une histoire aussi dure qui l’entoure ?
Une preuve peut-être qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture, et encore moins un vinyle à sa pochette.