Chaque jour, Nova met un coup de projecteur sur une nouveauté. Aujourd’hui : « On s’en fout » de Black so man.
Au Burkina Faso, Black So Man était une star. Et puis, en 1997, un accident de la route le fauche en pleine ascension. L’excellent label marseillais Secousse rend aujourd’hui hommage à cette étoile filante de la musique burkinabé en rééditant son album le plus reconnu : Tout le monde et personne.
Né en 1967 dans ce qu’on appelait encore la Haute-Volta, Bintogama Traoré n’était pas prédestiné à une carrière musicale. D’abord vendeur d’oeufs ambulant, puis employé dans une porcherie, le jeune homme finit par produire entre 1994 et 1998, et sous le nom de Black So Man, quatre cassettes qui le porteront aux nues, non seulement au Burkina, mais aussi dans toute l’Afrique de l’ouest.
Corruption, colonisation, mauvaise éducation : Black So Man dézingue l’élite politique de son pays, sur une musique mêlant reggae et rythmes électroniques syncopés. Comme le décrit Secousse, c’était un « homme du peuple, en qui tout le monde pouvait s’identifier, et particulièrement la jeunesse, les habitants des ghettos et tous ceux qui luttent pour survivre ».
Tout le monde et personne est enregistré en 1997, au sommet de sa gloire. La même année, il enregistre l’hymne de la Coupe d’Afrique des Nations qui va se dérouler au Burkina. En décembre, ses trente ans à peine fêtés, un accident de voiture tragique le laisse paraplégique. Ses conditions se détériorent jusqu’à sa mort à Abidjan, en 2002. Depuis, Black So Man a atteint le statut d’artiste culte, autant pour son combat que pour ses chansons, qui atteignent encore plusieurs millions de vues sur les réseaux. L’album, sorti à l’époque sur cassette, paraîtra en juin sous format vinyle re-mastérisé. D’ici là, on peut d’ores et déjà écouter le titre « On s’en fout », dont les paroles et la poésie restent actuelles : « Privatisations à droite / compressions à gauche / des complots de gauche à droite pour nous compliquer la vie ». Et d’adresser aux pouvoirs capitalistes de ce monde : « Vraiment, faites comme chez nous, on s’en fout ».