Ce week-end, nous étions en Normandie. Radio Nova a posé ses valises dans l’Orne, département connu pour ses chevaux et ses haras… plus que pour ses biches, qui ont pourtant donné leur nom au festival le plus pointu du coin. Bienvenue au Biches Festival, on vous fait visiter.
Des biches ? Il y en avait à l’origine dans le champ qui a servi, à ses débuts en 2016, à recevoir ce festival à la programmation exclusivement française, dont on célébrait du 9 au 11 juin la huitième édition. Installé depuis deux ans à la Ferme de Rai (donc, loin du champ initial), certaines de ces biches se déplacent toujours afin d’assister aux concerts rock, pop et électro…
Parmi les plus attendus : le post-punk de Rendez-vous, la new-wave drôle et déprimante des Clopes, la mystérieuse psychélectro de Flavien Berger et bien sûr la techno de Calling Marianne.
Une joyeuse colonie de vacances
Avant son concert, Calling Marianne, cette productrice de musique électronique qui mêle techno, transe et acid, nous attendait de pied ferme, non pas sur scène… mais sur le terrain pour une partie de volley. La musique, oui, mais toujours dans une ambiance de colonie de vacances.
« La sororité est une notion importante pour moi. Comme je ne fais pas de la musique à texte, j’ai essayé de faire transparaître ce message féministe et écologique à travers la pochette, les titres et les clips qui vont sortir »nous confie-t-elle entre deux passes à propos de son premier album.
À peine fatiguée par cette interview volley, Calling Marianne se dirige un peu plus tard vers la grande scène pour clôturer la première soirée des Biches avec un set qui a réchauffé tous les festivalier.es et autres créatures de la nuit…
Un peu plus tôt, le duo vintage Kids Return inaugurait cette scène, suivis tout au long du week-end par les rythmiques électroniques et françaises de Zaho de Sagazan, du rock rétro-futuriste de Fishbach, du producteur « touche à tout » Ouai Stéphane et du son garage du groupe En attendant Ana.
La bonne recette
Pour arriver à une programmation aussi pointue, il faut deux directeur.ices passionné.es de musique et prêt.es à sillonner la France toute l’année pour trouver de nouveaux artistes. Ça donne : pas mal de rock, beaucoup de pop, de l’électro pour la fin de soirée, encore du rock, et un peu de rap. Cette année, c’est justement l’artiste Nelick qui se chargeait du rap.
Rappeur qui souffre parfois du syndrome de Peter Pan, Nelick nous parlait de son processus de création à la sortie de sa performance : « J’essaye de créer en français, mais je ne veux pas que ça sonne comme de la variété. Je viens du rap, donc c’est très important les textes et l’attitude. Pour les prods par exemple, je puise pas mal dans ce que j’écoute. Il y a du Steve Lacy, du Tyler, The Creator… »
« C’est quoi votre plat préféré ? » question existentielle du rappeur Nelick pour le public des Biches. Sans hésiter, pour lui, ce sera les « patoketchup » …
Pas de pâtes au ketchup pour le groupe de « pop énergique » Social Dance, mais plutôt une ingénieuse recette avec laquelle ils régaleront les festivalier.es :
« Je suis plutôt techno et électro, genre Ed Banger » affirme Thomas, « Ange, lui, est très rock, post-punk et new wave. Faustine : J’écoute pas mal de psyché, mais mon père était rock, fan de Who, de David Bowie, et ma mère de Jean Jacques Goldman.
Thomas : On est parti de toutes ces influences différentes pour créer un mélange pop avec beaucoup d’électro et de rock. »
Formules magiques et incantations
En plus des concerts, le public a pu, lors de la journée du samedi, profiter gratuitement de la friperie, de la librairie, de l’atelier de sérigraphie avec de la teinture végétale, et… du stand paillettes biodégradables de Sisi la paillette.
C’est là qu’on a retrouvé les deux druides de la musique, Walter Astral, hésitant entre plusieurs couleurs…
« Pendant une cérémonie druidique, Walter Astral a surgi et nous a dit de faire de la musique. Malheureusement, c’est un druide mystérieux et très occupé, il n’apparaîtra sûrement pas sur scène avec nous ce soir, mais peut-être qu’on sera accompagné d’une fée… »
Quelques heures plus tard, apparition ! Le duo Walter Astral invite le public à une « messe cosmique », le prend par la main pour danser, invoquer des esprits et même se débarrasser des malins serpents…
Au rythme de la journée
Le programme du festival a été pensé pour suivre le cours de la journée. Au début de l’après-midi, on hoche la tête et on bouge gentiment les épaules sur des notes pop, avec un côté psyché chez Gabriel Tur, plutôt acidulé chez Cold Lemonade et carrément insolent chez Zaoui.
Plus tard dans la soirée en revanche, on danse, on tape du pied et on se lance dans la foule sur le post-punk de Rendez-vous, le chaos rock et électro de Koudlam ou encore l’électro tannique de Baccus Social Club…
Samedi, en fin d’après-midi, on a notamment pu se laisser envouter par la performance mélancolique de Yoa. La chanteuse de pop franco-suisse et camerounaise assistera aussi aux concerts prévus ce week-end : « Généralement en festival, je fais mon concert et je vais dormir. Mais aujourd’hui j’ai que des copains qui jouent : Zaho de Sagazan, Claude, Nelick… Je vais un peu voir tout le monde. »
Toujours dans cet esprit de camaraderie, le trio d’électro pop PPJ, qui chauffera le public pour le reste de la soirée, a accepté de se joindre à nous le temps d’une partie de boules :
Paula : « La pétanque ? On n’y joue pas souvent, mais par contre, on adore jouer. C’est hyper important de s’amuser, sinon ça ne sert à rien. Et je pense que ça se ressent dans notre musique. »
Le soleil se couche sur le Biches Festival (et se lève pour les festivalier.es les plus téméraires). « L’été commence au Biches », le coup d’envoi de la saison des festivals a été donné, à vos marques, prêts, partez…