Rencontre avec cette légende vivante de la musique moderne malienne à l’occasion de son passage à l’Opéra Underground de Lyon.
Boubacar Traoré est un géant de la musique, au parcours hors du commun, et d’une humilité sans faille. Surnommé Kar Kar en référence à son passé de grand dribbleur au football, il va vite rapidement se consacrer à la musique. Le chanteur, songwriter et guitariste est né à Kayes au nord-ouest du Mali en 1942. Autodidacte, il va créer son propre style en jouant de la guitare d’une manière singulière, comme si c’était une kora de vingt-et-une cordes. Cette double gamme donnera lieu à sa propre musique, un blues qui puise dans les sonorités mandingues et les influences américaines. Les premiers titres de Boubacar Traoré feront la fierté du Mali qui a pris son indépendance en 1960. Ses chansons passeront en boucle à la radio et deviendront des tubes comme « Kayes-Ba » ou « Mali Twist« , on le surnommera l’Elvis Presley malien en raison de son succès et de son talent.
Lorsque le premier président Modibo Keita est renversé par Moussa Traoré en 1968, Boubacar Traoré, considéré comme un artiste du régime précédent, disparait des ondes. Sa popularité décline, Boubacar va connaître des drames, des décès, et va émigrer en France et stopper la musique pendant plusieurs années. Mais dans les années 1990, le boss du label anglais Stern’s Records tombe sur une de ses K7, et est tellement admiratif de la voix de l’artiste qu’il part à sa recherche, le retrouve, et relance sa carrière. Boubacar Traoré est depuis de retour et reconnu mondialement avec son jeu, son blues empreint d’une mélancolie encore plus exacerbée. Kar Kar produit un son qui navigue entre les fleuves Niger et Mississipi. Dans son précédent album, il a approfondi cette idée en allant enregistrer et collaborer avec des icônes du blues à la Nouvelle-Orléans tout en gardant ses racines mandingues dans ses compositions. Ce patrimoine, il le célèbre au sein de son nouveau disque « Tiékoro Ba Diougou« , qui signifie « vieux méchant » en langue bamana, un retour aux sources avec un album blues 100 % malien qui inclut les sonorités du kamelen ngoni, du djeli ngoni, et de la calebasse.
Avec moi, avant son concert au sein de l’Opera Underground, Boubacar Traoré, casquette vissé sur la tète, au regard affectueux, revient sur plus de soixante ans de carrière !
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