Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Ark & Pit Spector, Œuvre Dark
Des âmes de cœur… et des frères de sang, avec le premier album d’Ark & Pit Spector, duo fraternel qui berce une house minimale aux idées maximales avec, en ligne de mire, l’ambition de se confronter le moins possible aux règles, aux carcans, aux modes, aux branchements qui relient les machines entre elles et les connectent dans la même direction. Ainsi, c’est une house qui joue avec le punk, la techno, le hip-hop des nineties, du rock façon L.A. avec soleil couchant et skateboard sous le bras. “L’essence même de cet album est le bonheur suprême”, assument-ils. Un bonheur étrange et très personnel dont la bande-son pourrait être le morceau “Maître Nims” (aha), premier extrait qui nous avait convaincu, déjà, que l’on tenait là un excellente disque briseur de règles. La suite est une œuvre sombre, mais qui brille.
LA Priest, Fase Luna
Fenêtres ouvertes sur le monde, encore, avec le nouvel album de LA Priest (Late of the Pier ou Soft Hair avec Connan Mockasin), qui a quitté sa Grande-Bretagne le temps d’un voyage en Amérique centrale où les plages du Mexique et les forêts du Costa Rica lui ont inspiré ce disque où la pop chancelle vers des lumières nouvelles. Après le très expérimental album GENE en 2020, où il avait conçu ses propres circuits électriques afin de se délaisser des boîtes à rythmes classiques, voici, avec Fase Luna, un album dépouillé, où seul le musicien mexicain Carlos Gabriel Favela Manzano accompagne à la batterie cet explorateur du son qui se fait aussi, pour l’occasion, explorateur de mondes. Une aventure qui aboutit à un disque psyché, pop et minimal, idéal pour un début de printemps où le soleil n’est pas trop haut, la température pas trop chaude, mais les idées bien en place.
Brian Eno et Fred Again…, Secret Life
En parlant de lumière et des différentes nuances que celle-ci peut offrir, notons aussi ce vendredi la sortie d’un album qui marquera forcément 2023 : celui qui voit collaborer, sur le label de Four Tet (Text Records) l’un des nouveaux très grands noms de la scène club britannique, Fred Again…, et l’une des plus glorieuses figures du rock expérimental (ce fut Roxy Music et s’est depuis des années la musique ambiant), Brian Eno. L’ancien a pris sous son aile le nouveau lors d’une première rencontre il y a une douzaine d’années, et se retrouvent aujourd’hui pour un premier album collaboratif où l’ambiant a pris le pas sur le club et où la sérénité domine. C’est beau comme un secret que l’on souhaiterait garder bien au chaud après en avoir protégé l’origine pendant des années. Beau comme une amitié entre deux artistes que les décennies séparent, mais que la musique regroupe au service du tendre, du doux, de la musique atmosphérique qui gobe des étoiles et fait planer les sens.
SBTRKT, The Rat Road
Un retour aussi, celui de SBTRKT (prononcez “Subtract” ou Aaron James si vous le croisez au restaurant), le producteur (dé)masqué qui sort son premier album depuis 2016 (sept ans, tout de même) avec, et comme toujours (rien ne change ici), une ribambelle de collaborateurs : Toro Y Moi, Sampha, Teezo Touchdown, George Riley, Leilah, Kai Isaiah Jamal, Anna Of The North, D Double E, Saya Gray, Little Dragon. Dans ce disque, un R&B qui pioche aussi dans la house garage, la synth-pop, la Drum & Bass. Un disque curieusement nommé (The Rat Road, donc “La route des rats”), mais qui dit aussi une manière de s’adapter aux époques, d’éviter les embuches, de contourner les obstacles et de parvenir, malgré tout, à rester debout.
Q, Soul, Present
Debout, vous aurez intérêt à le rester pour danser fort sur cet album de Q, qui conjugue la soul dans un présent très proche du passé (fin 70s, début 80s). Funk, disco et beaucoup de groove dans cette musique qui trouve, non pas le point G mais le point Q, celui qui génère un max de bonheur dans le bas du vide et le haut du cerveau.
French 79, Teenagers
Enfin, retour à l’adolescence pour le producteur marseillais Simon Henner, qui après la réussite de ses albums Olympic (2016) et Joshua (2019), poursuit sa route vers une musique électronique à la française (il s’agit donc de French Touch) où les synthés, les mélodies et les intentions pop ramènent ce musicien, vu, il y a bien longtemps en Nuits Zébrées (les vrai.e.s savent), à l’âge où les futurs sont encore incertains, les amours plus vivaces que jamais, les émotions aux aguets. Une pop émotive et électronique qui se danse, se ressent, s’écoute sur un disque une nouvelle fois très réussis.