Été 1977, à Berlin-Est. Britta Bergmann a 15 ans. Elle vit avec sa mère et sa demi-soeur au sud-est de la ville. Britta n’a jamais connu son père, mais voit souvent celui de sa soeur, qui fait des allers-retours entre Berlin-ouest, où il réside, et Berlin-Est, pour voir sa fille. Il amène toujours avec lui quelques magazines, qu’il sort de sous son manteau en arrivant. Les deux soeurs y voient tous ces artistes qu’elles ne connaissent pas, interdits du côté soviétique du mur : ABBA, Bonney M, et toutes les stars de la pop occidentale.
Un jour, Britta découvre entre ces pages la photo d’une bande de types aux vêtements déchirés, aux cheveux ébouriffés et aux perfectos bordés de badges. Britta n’a jamais vu ça, ne sait même pas ce que c’est, “ça” mais est immédiatement et irrémédiablement attirée. Elle demande autour d’elle, si quelqu’un connait les Sex Pistols, comme les nomme la légende sous la photo. On lui dit que c’est du punk. Du rock, Britta ne connaît qu’AC/DC, qu’elle déteste. Dommage. Et tant pis pour les Sex Pistols qui semblaient pourtant prometteurs.
Mais quelques semaines après, sur les ondes d’une radio qui émet depuis Berlin-Ouest, Britta entend quelque chose d’incroyable. Une guitare sauvage et une voix qui ne peut pas tenir une seule note mais qui hurle au monde d’aller se faire voir.
Pour aller plus loin
Le livre de Tim Mohr – Burning Down the Haus: Punk Rock, Revolution, and the Fall of the Berlin Wall
Un épisode écrit et raconté par Clémentine Spiler, réalisé par Malo Williams. Pour écouter la bande son de Pionnières, c’est par ici.
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