Par Alexis Breton de Nova Production.
Le confinement met nos nerfs à rude épreuve et nous sommes nombreux à avoir un peu joué avec les règles officielles. Mais c’est sans doute sans commune mesure avec l’histoire que je vais vous raconter.
Cela s’est passé vendredi soir dernier, rue des Pierre, dans le quartier gay de Bruxelles. Alertés par des voisins, des policiers se rendent dans un appartement et tombent sur une vingtaine d’hommes dénudés qui, c’est le moins que l’on puisse dire, respectent très peu la distanciation physique. Dès l’arrivée de la police, un homme s’extirpe du groupe et s’élance à corps perdu dans une fuite improbable. Il attrape son sac à dos, ouvre la fenêtre de l’appartement situé au 1er étage, checke la hauteur et décide de descendre par la gouttière. La descente est ardue, l’homme s’entaille les mains et est obligé de sauter. De retour sur le plancher des vaches, il ne peut fausser compagnie à la police qui met rapidement fin à son équipée sauvage. L’homme est accusé de violation du confinement et de détention de stupéfiant, puisqu’un cachet d’ecsta a été retrouvé dans son sac.
Alors cette histoire est rigolote, mais si je voulais vous la raconter c’est parce que cet homme n’est pas n’importe qui. Il s’agit de József Szájer, un Hongrois de 59 ans, député européen. Alors loin de moi l’idée de donner des leçons de morale, chacun est libre de faire ce qu’il veut avec son corps, député ou non, mais ce qui est intéressant c’est que notre ami Jozsef, est membre fondateur du Fidesz, un parti hongrois ultra conservateur et homophobe. En 2010, avec son ami le Premier ministre Victor Orban, il est à l’origine de la nouvelle constitution hongroise qui sacralise notamment le mariage hétérosexuel.
Autre fait d’arme, son soutien à un projet de loi qui interdit l’adoption aux couples homosexuels dans son pays. Le moins que l’on puisse dire donc c’est que l’arrestation de József Szájer a déclenché un scandale en Hongrie. Encore considérée par beaucoup comme une déviance en Hongrie, l’homosexualité ne peut être tolérée dans le parti de Viktor Orban. Orban est notamment connu pour avoir retirer son pays, la Hongrie de l’eurovision, sous prétexte que le concours était devenu je cite “trop gay”. Suite à l’affaire de la “lockdown partouze” comme on l’appelle en Belgique, Orban a dénoncé dans un communiqué “un acte inacceptable”, obligeant József Szájer à démissionner. Une réaction qui a attristé l’association LGBT Hatter Society, qui voyait dans cette affaire un espoir de voir le Fidesz et Orban renoncer à leurs politiques homophobes… Malheureusement ce n’est pas encore à l’ordre du jour.
Voilà, sinon dans la semaine il y avait aussi une information intéressante, celle de la disparition en Allemagne d’une sculpture en bois représentant un pénis en érection de deux mètres de haut. Mais Armel, cet avocat acharné de l’ordre moral, m’a dit qu’il préférerait que je parle de la partouze bruxelloise. Parce que m’a-t-il dit par téléphone “tu as vu c’est quand même honteux de faire ça pendant le confinement, sans masque ni attestation”, donc voilà j’ai pas eu trop le choix…. C’est dommage ça m’aurait permis de dire pénis de bois en direct à la radio.
Wikipedia – Creative Commons / © Elekes Andor