L’artiste nigérian passait pour la première fois en concert à Paris et on y était.
À la Seine Musicale pour le festival Afropunk le 14 juillet dernier, on a pu discuter avec le chanteur nigérian Burna Boy. Rencontre réalisée à la sortie de l’infirmerie du festival, car le « Wonder Kid » s’était foulé la cheville à force de faire des cabrioles à la Tiken Jah devant un public conquit connaissant par cœur ses chansons. L’artiste nous parle de son nouvel album African Giant, qui sort aujourd’hui, rempli de featurings impressionnants comme Jorja Smith, Damian Marley ou encore Angelique Kidjo. Le nigérian exprime aussi son amour pour l’afrobeats, ainsi que pour les légendes africaines comme le grand Fela Kuti.
On a été surpris par la différence entre tes enregistrements et le live. Il y a beaucoup plus d’instruments et une différente atmosphère sur scène. Est-ce que tu peux nous expliquer comment tu prépares ton live et l’énergie qu’il dégage ?
À la base, ce que vous entendez quand je suis en train de jouer, ce sont les vraies chansons. Ce qu’il y a sur l’album c’est ce qui vient après. Tout commence avec le groupe donc par le live.
Pourtant, on entend pas mal de sonorités électroniques sur l’album. Alors que sur scène on y retrouve du jazz voire même un peu de rock. Est-ce que ces genres musicaux font partie de tes influences ?
Bien sûr ! Je suis influencé par la musique en général, par mon environnement, par la vie, mais je suis surtout inspiré par des légendes.
Quand tu dis « légendes » à qui penses-tu ?
Quand je parle de légendes ce sont des « Légendes » avec un grand « L ». Des personnes qui ont ouvert des portes, qui ont brisé les frontières avec leur musique. Des Légendes africaines. Ce n’est pas une surprise mais Fela Kuti en fait partie et il est très important pour moi. Il y a Angélique Kidjo aussi. Elle sera d’ailleurs sur mon nouvel album.
C’est très troublant parce qu’on reconnaît beaucoup de Fela Kuti en te regardant. Avec ta façon de bouger et de danser on y voit presque un jeune Fela. On te l’a déjà fait remarquer ?
C’est un énorme compliment merci [Ndlr, en français]. Mais tu sais, personne ne pourra être Fela ou même le remplacer. Il est l’une des inspirations les plus importantes pour moi. Après je puise mon inspiration dans la musique du monde entier.
Tu as fait des collaborations très variées comme par exemple avec Major Lazer, Lily Allen et d’autres artistes britanniques de pop. Est-ce que tu essayes de piocher un peu partout pour créer une musique planétaire ?
Quel que soit le domaine, plus il y a d’oreilles qui t’écoutent mieux c’est. Dans mon monde c’est quelque chose de très naturel. Il n’y a jamais vraiment eu de collaborations arrangées. C’est très instinctif car je n’ai aucune idée d’avec qui j’ai envie de travailler. Quand ça se produit, en général on se rencontre et on parle de notre musique. Puis si on crée de la magie, eh bien c’est de la magie. C’est comme ça que ça marche. En général, c’est toujours ce genre de travail qui fait de l’effet.
Tu nous as offert un très beau voyage musical sur la scène du Festival Afropunk. On est passé de la musique caribéenne au rap. C’est comme un voyage dans le temps. Est-ce que c’est dû à tes nombreux voyages quand tu étais jeune ?
Complètement. Le reste du monde créé différentes musiques, différentes influences, différentes choses qui ont construit mon environnement. Ma musique englobe tout ça. Les expériences, la musique que j’ai entendue dans différentes parties du monde où je suis allé en grandissant… Tout a été enregistré.
Tu as d’ailleurs grandi à Londres, Brixton. Que penses-tu de la scène anglaise aujourd’hui ? Cette scène qui est influencée par des musiques comme les tiennes.
C’est incroyable mec. Je me sens honoré qu’ils se soient inspirés de ma musique. C’est une scène qui occupe une place particulière dans mon cœur. Toute la scène anglaise, j’adore, je ne m’en lasse jamais.
L’afrobeat a été créé par une seule personne et c’est Fela Kuti.
Et pour le futur, est-ce que tu peux nous dire ce qui va arriver ?
J’ai mon nouvel album African Giant qui sort. J’espère que ça déclenchera l’étincelle que j’ai essayé de transmettre. Donc ouais mec, le futur est prometteur.
Tu es un grand connaisseur d’afrobeats, est-ce que tu peux nous décrire les ingrédients et les différents types d’afrobeats ?
L’afrobeat (sans « s ») a été créé par une seule personne et c’est Fela Kuti. « Afrobeats » c’est plus un surnom qu’on a donné à la musique africaine parce qu’on ne savait pas comment la nommer donc on l’a appelé « afrobeats ». Maintenant sous cette appellation il y a tellement de musiques différentes. Il y a l’afro-swing, l’afro-fusion, afro-Reggae, afro dancehall, afro-Rap… L’afro-Alternative… Le folklore ! (rires)
Est-ce qu’il y a de nouvelles collaborations que tu as prévu avec des artistes de différents genres, d’autres endroits d’Afrique ? Peut-être même dans ton nouvel album ?
Absolument mais sois patient et tu verras quand l’album sortira. Dans African Giant , j’y livre une partie de mon âme, et de ma vie. Il y aura aussi quelques leçons d’histoires (rires).
Est-ce que tu penses avoir le devoir de transmettre l’histoire de la musique aux générations plus jeunes ?
Complètement. On ne joue pas avec la musique. Quelle que soit la manière de s’y prendre, il faut faire le job ! On va danser, et on va s’amuser mais en fin de compte je vais t’expliquer ce qu’est vraiment la musique.
Tu transmets un message fort dans ta musique, est-ce que tu peux nous le faire partager ?
Le message c’est : « Mec, tu peux t’amuser, danser, être triste, pleurer ou rire mais sois toujours conscient de ce qui se passe autour de toi. Aide ton frère et souviens-toi de tes racines ».