Un dessin animé pakistanais met en scène une héroïne en burqa qui sauve de l’obscurantisme
« Burqa Avenger » est un dessin-animé où l’héroïne est une institutrice le jour et, la nuit, une wonder woman en burqa qui combat l’islamisme radical. Ses armes ? Les livres et les crayons. Le combat classique de l’éducation face à l’ignorance et à l’obscurantisme aveugle.
La série est en ourdou, langue nationale pakistanaise et joue avec les codes culturels. Si le dessin animé s’attache à une certaine tradition, les créateurs n’hésitent pas à y intégrer des éléments de modernité. L’esthétique d’abord, qui rappelle celle des mangas, puis la musique composée par Haroon Rashid, star de la pop pakistanaise – qui mélange folklore et électro.
Pourtant ce dessin animé, qui est passé hier à la télévision pakistanaise pour la première fois, provoque déjà des controverses et débats. Car si les intentions des créateurs sont nobles (notamment quand elles interrogent la place de la femme dans la société, et fait dire à Jiya l’institutrice que les femmes ne sont pas soumises aux hommes), difficile de comprendre le message adressé implicitement : pourquoi la super-héroïne doit elle se cacher non pas simplement derrière un costume garantissant son anonymat mais bien derrière une burqa, symbole pour de nombreuses féministes de l’oppression masculine dans les sociétés musulmanes ?
Selon de nombreux critiques, le risque est, en créant cette héroïne pop et libérée bien à l’aise dans sa burqa, de nier le problème et de faire de ce voile intégral un objet culte, cool et finalement sans lien avec le problème concret de la liberté de la femme dans les sociétés Islamiques.
D’ailleurs, ce choix vestimentaire rappelle fortement celui de l’héroïne Dust, du comics X-Men, qui se bat en burqa depuis des années. Mais dans le contexte, la tenue de Dust ne revêt pas de fonction politique. Elle est plutôt un moyen de garantir l’anonymat de l’héroïne et d’intégrer un certain exotisme dans la bande dessinée.