Cet.te auteur.ice et performeur.se français.e, posé.e en Ecosse, membre du collectif de poésie queer RER Q, accouche d’une utopie en trois épisodes sur le recyclage de nos « déchets » corporels, en résistance aux diktats du libéralisme.
« RER Q est un réseau d’autriX allié.e.s autour de textes / manifestes queer / crus / cul. RER Q écrit lit performe ce qui n’est que trop rarement visible. RER Q explose le genre triste et la syntaxe molle, la police des corps identifiés identifiables et la littérature officielle. RER Q est substance désir chattes suspectes flemme tantrique trous béantes nuques moites expérimentations sales paysages gouines images clandestines tunnels d’amour fantasmes profonds comme des arbres. »
Fin septembre, soir de pluie, studio de danse du Point FMR, Paris. Les six pilotes du RER Q, Rébecca Chaillon, Camille Cornu, Wendy Delorme, Claire Finch, Élodie Petit et Etaïnn Zwer, partagent avec force et humour textes et vidéos sur le thème de la « (re)production ». S’y succèdent le récit d’un coming-out à 20 ans, à la recherche d’un « peuple qui n’aurait pas de pères, et pas d’heure à laquelle se coucher » ; une tentative pour avoir un enfant « comme on retape une maison », manuellement, près de son amoureuse et d’un festin de dinde dans un hôtel de banlieue ; une réécriture transgenre des comédies d’Aristophane ; des œufs, éjectés ou réintroduits dans les corps de manières assez troublantes. Ou encore… le recyclage de nos « déchets » corporels, en résistance aux diktats du libéralisme.
C’est l’idée de Camille Cornu, 33 ans, auteur.ice français.e (L’intime n’a jamais été aussi politique ici-bas, 2014, Habiletés sociales, 2018) et performeur.euse, posé.e entre Paris et Glasgow, qui la restitue ici en trois épisodes. Dans la première partie d’un texte intitulé On ne mange pas les bébés, iel évoque son envie « de se traire à mains nues » pour fabriquer « un nombre infini de fromages » avec son propre lait maternel. Ce qui n’est ni mauvais pour la santé, ni interdit par la loi, sauf à décider de les vendre. Mais n’est-ce pas paradoxal ? Conclusion, appétissante : « Rendez aux vaches leur lait, leur liberté et leurs bébés. Rendez à vos corps leurs produits, fromage saveur papa-maman, fermentation maison. » Miam.
Les deux épisodes suivants de l’utopie de Camille Cornu seront diffusés le 13 et le 20 octobre, à 7h10.
Plus d’infos : camillecornu.com
Image : Fromage à gogo, de Val Guest (1952) ; film britannique avec Dirk Bogarde, à propos « d’un micro-Etat européen dont la profession nationale est la contrebande », qui cherche à refourguer aux Suisses « du fromage alcoolisé au schnaps ».