Comment Cannes a affiché un inattendu peloton de queue(s)
Comme chaque année, une fois que le Marché du film – le poumon économique du festival – ferme ses portes, Cannes commence à se vider. Le palmarès, ce sera pour samedi soir, mais c’est déjà l’heure des bilans en ce qui concerne les tendances.
L’une d’elles aura été particulièrement forte cette année, au point que l’on puisse clairement désigner la star de cette édition : le sexe masculin. Pas le genre, mais l’organe.
On a rarement vu autant de spécimens qu’en 2018. De la verge de star (Vincent Cassel dans Le grand cirque mystique), de presque star (Gaspard Ulliel -au membre déjà très remarqué ici même il y a quelques années dans le Saint-Laurent de Bertrand Bonello – dans Les confins du monde) ou de future star (Félix Maritaud, fraichement récompensé du mérité prix du meilleur acteur à la Semaine de la critique pour Sauvage). Des vraies (Ulliel, dixit deux accréditées qui l’ont fréquenté), des fausses (Cassel). Des blanches, des noires. Des vaillantes, des demi-molles et même une émasculée (Les confins du monde, encore, mais celle arborée par Guillaume Gouix). Voire une bistouquette géante – quoiqu’on n’en soit pas si sûr (de ce qu’on a compris du délirant Meurs, monstre, meurs, il s’agirait d’une créature à la fois mâle et femelle – tueuse). Et en bonus, un très gros plan sur… une couille dans El Angel.
Cet aperçu non exhaustif d’un défilé de membres était assez inattendu dans un contexte où les femmes semblent enfin reprendre les choses en main (qu’on se rassure d’ailleurs, sans atteindre la parité, nous avons aussi aperçu de splendides poitrines, de celle de Jeon Jong-Seo, pour une très belle scène de danse topless dans Burning, à deux fois celle de Riley Keough – une fausse, mutilée dans The house that jack built mais probablement la vraie dans Under the silver lake).
Toutefois cette manière de présenter la gent masculine dans le plus simple appareil permet de mettre à nu les nouveaux rapports homme-femme, et assure au vu de cette bite generation parfois mise à mal, que le sexe fort est désormais en état de faiblesse.
Visuel : Vincent Cassel et Tina Kunakey sur le tapis rouge à Cannes (c) Foc Kan / Getty Images