À Paris, cette autrice de science-fiction invente deux machines extraordinaires, une « Grande Trieuse » et une « Grande Imprimante », qui pourraient dépolluer la planète voire « retisser la peau des grandes brûlures ». Waou !
« Et si, après plus d’un siècle de vie, vous vous retrouviez dans un corps tout juste sorti de l’adolescence ? Et si, en guise de petit boulot, le huitième cumulé depuis le début du mois, on vous proposait enfin un vrai job : mourir ? Et si votre meilleur ami était ce machin bizarre aux allures de R2-D2 laissé par votre coloc’ dans l’appartement ? Et si vous n’étiez pas vous, mais le clone de vous ? » Ce sont quelques-unes des hypothèses qui ponctuent L’arithmétique terrible de la misère, recueil de dix-sept nouvelles signées Catherine Dufour aux éditions du Bélial’, préfacé par son vieux complice Alain Damasio, qui voit dans ces histoires « un contre-poison à l’infobésité ». En parallèle, cette autrice parisienne, lauréate en 2007 du prestigieux Grand Prix de l’Imaginaire pour Le Goût de l’immortalité, vient également de publier Au bal des absents, au Seuil, chasse aux fantômes dans un manoir hanté en pleine cambrousse, comme un épisode de Scooby-Doo filmé par Kervern & Delépine, dans lequel Claude, 40 ans, se défend parfois à coups de binette.
« L’utopie, c’est très difficile, les gens heureux n’ont pas d’histoire ! » En 2018, cette ingénieure en informatique a pourtant tenté de transmettre sa science du futur le temps d’ateliers d’écriture intitulés Bright Mirror, en contrepoint des cauchemars de la série Black Mirror, pour accoucher de projections positives. Ce à quoi Catherine Dufour s’emploie de nouveau aujourd’hui, sur le pont de notre Arche. Fatiguée de ne « plus pouvoir faire un pas » ni même manger sans polluer la planète, la romancière invente deux machines extraordinaires : une « Grande Trieuse de déchets » et une « Grande Imprimante ».
« L’Imprimante puiserait dans les toners [encre en poudre constituée de particules ultrafines de plastique ou de métal] récoltés par la Trieuse et imprimerait des immeubles, de maisons, des ports, des campus » en Chine ou au Ghana, en « assainissant d’anciennes décharges » ; mais aussi… avec des toners alimentaires, on imprimerait « des kilomètres de blanc d’œuf, de la viande, des légumes, des épices, même un bœuf Strogonoff déjà chaud » ; mais aussi… avec des toners microbiologiques, on fabriquerait « des organes », capables de « renouer les fils brisés des corps souffrants, reconstituer des colonnes vertébrales sectionnées, rétablir la vue, restaurer l’ouïe, retisser la peau des grandes brûlures ». Note aux jurés du concours Lépine : Catherine Dufour possède aussi les plans d’un « Aspirateur-Recycleur », susceptible de nettoyer la ceinture orbitale et le continent de plastique du Pacifique.
Image : Wall-E, d’Andrew Stanton (2008).