Vous dormez combien de fois par jour ? Une, deux, peut-être trois ? Peu importe, vous n’arriverez jamais à la cheville du manchot à jugulaire…
Bien sûr, le temps de sommeil est différent selon les âges, selon les besoins de chacune et chacun. La durée moyenne de sommeil des Françaises et français s’établit à 6 h. À l’échelle de notre toute petite existence, si on considère une vie de 80 ans, nous dormons environ un tiers de notre temps, soit entre 25 et 27 ans. Le manchot à jugulaire, lui, a une espérance de vie beaucoup plus courte que nous autres humains : de 15 à 20 ans. Le manchot à jugulaire est le deuxième manchot le plus répandu sur terre, il y en aurait près de 8 millions en Antarctique. L’animal se distingue par un liseré noir au niveau de son menton et surtout par un sommeil très particulier au regard du nôtre. Si l’on croit une nouvelle étude de chercheuses et chercheurs lyonnais, parue dans la prestigieuse revue américaine Science, les manchots à jugulaires dorment 10 000 fois par jour. Ils et elles font 10 000 micro-siestes de 4 secondes au maximum. Cela leur permet de cumuler quotidiennement plus de 11 heures de sommeil.
Une question demeure : pourquoi ?
Il est possible d’imaginer que c’est à cause des conditions climatiques, même si le manchot est habitué et à cause des prédateurs, notamment des oiseaux qui se nourrissent de leurs œufs. En période de nidification, les manchots doivent protéger, donc surveiller leurs œufs. Pendant ce temps-là, leur partenaire (mâle ou femelle, ils se partagent la tâche à tour de rôle) s’en vont à la recherche de nourriture, durant parfois plusieurs jours.
Une étude sur les manchots de l’île du Roi-George
Pour parvenir à ces résultats précis, 10 000 micro-siestes de 4 secondes, les chercheuses et chercheurs du Centre de recherche en neurosciences de Lyon, ont implanté des électrodes sur plusieurs manchots d’une colonie de l’île du Roi-George. Elles et ils ont enregistré l’activité électrique des cerveaux des animaux et les muscles de leur cou. L’équipe de recherche a analysé leur mouvement, leur localisation pour s’apercevoir que les manchots faisaient des micro-siestes debout ou couché sur les œufs. Petite différence pour les manchots qui étaient en périphérie du groupe : eux dormaient un peu plus que les autres…