Avant les Slits, il n’y avait rien, ou pas grand-chose. Formation trop méconnue de l’histoire de la musique, née en 1976 au Royaume-Unis, c’est le tout premier groupe de punk entièrement féminin. Nova a rencontré Justine Heynemann et Rachel Arditi, qui racontent l’histoire trépidante de ces femmes acharnées et talentueuses avec une comédie musicale survitaminée. “Punk‧e‧s” is not dead.
Elles s’appellent Viv Albertine, Ari Up, Palmolive et Tessa Pollit. Ensemble, ces guerrières ont formé les Slits (les « Fentes« ), un peu pour le pire, surtout pour le meilleur. Souvent (et abusivement) considérées comme le pendant féminin des Sex Pistols, les Slits sont pourtant absolument incomparables. Ces quatre artistes complètement barj’, délurées, expérimentales et tout simplement libres ont monté le premier groupe de punk féminin de l’histoire.
« Punk.e.s / Ou comment nous ne sommes pas devenues célèbres »
C’était en 1976, à l’époque des balbutiements du punk et des musiques disco, reggae, funk, latino, world et jazz… Définitivement pas comme les autres, les Slits se sont affranchi des limites de genre comme des limite du genre, et occupent une place indiscutablement majeure dans l’histoire de la musique. Pourtant, presque 50 ans plus tard, ce groupe mythique reste encore trop méconnu. Justine Heynemann et Rachel Arditi ont décidé de corriger cette injustice une bonne fois pour toutes avec une comédie musicale. Baptisée Punk.e.s / Ou comment nous ne sommes pas devenues célèbres, ce spectacle ultra-vitaminée présentée en ce moment sur les planches de la Scala à Paris retrace l’histoire de Slits. Nova a rencontré les deux metteuses en scène de Punk.e.s et en savoir plus (rendez-vous en haut de l’article pour écouter l’interview) !
Quatre punk(.e.s) déjantées contre « l’establishment »
Sept acteur‧ices se partagent la scène de Punk.e.s pour raconter la rencontre un peu déglingué entre les quatre jeunes femmes qui formeront les Slits, alors âgées seulement de 14 à 20 ans. Déscolarisées pour la plupart, certaines d’entre elles n’avaient aussi jamais touché à un instrument de leur vie… Sauf qu’il en fallait plus pour arrêter ces giga-bosseuses, qui sont entrées dans l’histoire du punk par la grande porte avec leur premier disque, Cut, publié en 1979. C’était l’époque des Sex Pistols (et de leur dissolution chaotique, en 1978), celle de l’ascension des Clash en haut des charts (dont l’histoire se mêle à celle des Slits), celle de l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher aussi… L’heure était à la rébellion contre le très conservateur « establishment« .
La couverture de « Cut » : une image culte
Les Slits marqueront le coup avec la couverture culte de Cut. Elles y apparaissent les seins à l’air et recouvertes de boue. Ni sexy, ni agressives, elles sont d’une nudité enfantine, presque primitive, à l’image de la musique qu’elles ont laissée au travers de leur courte discographie (deux albums et puis s’en va). C’est ça aussi les Slits : même si on sait pas faire, on fait quand même. Après tout, foutre le bordel demande travail et obstination… En 2019, Nova s’entretenait d’ailleurs avec Viv Albertine, une des membres fondatrices de la formation.
Une comédie musicale qui mêle accessibilité et niche
Punk.e.s se révèle être une comédie musicale géniale parce qu’elle est aussi bien accessible aux non-initiés, qui apprendront tout et auront envie de se (re)plonger dans les sonorités de la fin des 70’s en sortant, que nourrissante pour les connaisseurs, qui se délecteront des clins d’œils à l’industrie de la musique de l’époque. On pense aux apparitions de Sid Vicious (le bassiste maudit des Sex Pistols) qui a déglingué sa chambre d’hôtel, la coke cachée dans les boites de chocolats des studios d’enregistrements, à ces artistes signés sur des gros labels qui n’étaient encore personne. Plus notable encore, le personnage de Dennis Moritz, le boss d’Island Records, qui signe les Slits. Pas vraiment avare de misogynie (voir pédophile sur les bords), il incarne le capitalisme… et est joué par une femme sur scène.
Rendez-vous à la Scala
Les années 70, le punk rock complètement ouf, et les aventures de quatre meufs qui osaient tout, c’est sur la scène de la Scala, à Paris, jusqu’au 30 mars. 1h30 d’une comédie musicale captivante et galvanisante, dont Nova est bien fier d’être partenaire !