En Bretagne, cet écrivain belge livre son diagnostic sur les séquelles du confinement : « une aversion pour toute forme d’enfermement », qui invite la société à l’ouverture totale.
« Tu crois qu’on contrôle la technologie ou que la technologie nous contrôle ? » Si on y réfléchit, cette question très en vogue donne le tournis – d’autant plus quand on réalise qu’elle est posée, cette fois, dans un livre pour enfants à partir de 4 ans. Intitulé Tu crois quoi ?, écrit par Charly Delwart et illustré par Camille de Cussac, ce recueil tout doux de trente-cinq questions métaphysico-poétiques est sorti le 12 mars, soit quatre jours avant le confinement, aux éditions Marcel et Joachim. Pour cette même maison, l’écrivain belge signait en octobre dernier un autre ouvrage troublant, avec les dessins d’Elo et cette problématique extrêmement contemporaine : Mais ils sont où ?, dans lequel cinq animaux partent en vadrouille mais finissent tous par disparaître, un par un. Ont-ils été interpellés par la maréchaussée ? Ou se sont-ils reconfinés ?
L’envie de grand air est pourtant, désormais, irrésistible. Deux mois de réclusion semi-volontaire n’ont-ils pas laissé, pour certains, des séquelles irrémédiables ? « Un sentiment de claustrophobie mondial, une aversion pour toute forme d’enfermement » ? C’est l’hypothèse formulée, en Bretagne, par l’auteur de Chut (Seuil, 2015) ou de Databiographie (Flammarion, 2019). Ascenseurs, tunnels, avions, tout espace clos nous paraîtra insupportable. « Au point qu’on pourra dire : “Je connais quelqu’un qui n’est pas claustrophobe.” » La société sera donc obligée de se réorganiser, de la sphère domestique (portes et fenêtres ne seront plus jamais fermées) aux déplacements professionnels (considérablement réduits). Aurons-nous, alors, les yeux grands ouverts sur tout le reste ?
Pour écouter Charly Delwart se passionner sur Nova pour les habitants de l’île des Sentinelles, confinés ultimes à l’air libre du golfe du Bengale, c’est ici.
Visuel © Kill Bill 2, de Quentin Tarantino (2004).