Fraîchement signée sur le label inFiné, la chanteuse franco-camerounaise nous fait découvrir les dessous de son titre « Issemou ». Un hymne à l’authenticité, lumineux et mélancolique.
Née en France, Cindy Pooch a grandi au Cameroun. Bercée durant son enfance par les chants polyphoniques des chorales de son pays, la musique deviendra un élément important de sa personnalité. Plus tard, elle s’installe en France pour y étudier la littérature, qu’elle utilisera comme support dans ses futurs morceaux. Aujourd’hui basée à Lyon, c’est avec label InFiné qu’elle signe son premier projet. Elle dévoile « Issemou », lumière en langue banen. Une chanson folk hybride captivante, nourrie de soul et de polyphonies, accompagnée d’une vidéo tournée dans les rues de la capitale ougandaise Kampala, un soir où en errance nocturne, l’inspiration de Cindy Pooch a émergée…
« Issemou », une rêverie collective ?
Pour ce titre, elle s’entoure à la direction artistique du guitariste Seb Martel et du beatmaker Twani. « Il fallait que je trouve des personnes autour de moi, en qui je pouvais avoir confiance et qui saurait s’adapter à ma façon de composer qui n’est pas académique ». L’arrangement de « Issemou » passe alors entre les mains du producteur et multi-instrumentiste lyonnais Julien Jussey, aux manettes du studio lyonnais La Ciergerie. Un morceau minutieusement arrangé, majoritairement composé de piano, de guitare, et de voix, pour permettre à l’artiste de chanter ses émotions avec sa voix profonde et presque habitée.
« Généralement, je ne me donne pas de thème pour écrire. Il y a des choses comme ça qui vont m’informer moi-même sur un état émotionnel qui va m’habiter sur le moment. C’est de là que part mon inspiration. « Issemou » parle de doute et de questionnement, mêlé à la lumière et l’obscurité. »
Dans la vidéo du clip, on suit la balade de Cindy dans Kampala. Au sein de cette atmosphère, deux mondes se côtoient, l’urbain et le spirituel. Avec son attitude et son regard profond, elle interloque les passants. On la voit observer un danseur qui semble être perçu uniquement par elle. On comprend qu’il peut être l’alter ego de Cindy, qui elle, continue sa déambulation, à travers les rues mais aussi à travers plusieurs étapes psychiques.
« Pour moi, le clip parle de cette recherche d’authenticité. J’y vois une certaine sérénité, comme l’acceptation. Ça parle aussi beaucoup du cycle de la mort, mais pas forcément de mort physique. L’idée est de montrer qu’il y a des cycles qui doivent se terminer et qu’il faut peut-être mourir un peu pour renaître » souligne l’artiste.
La première image du clip montre en effet une femme allongée dans une pirogue qui « semble » être la chanteuse transportée par les eaux. On comprend donc que cette barque représente ce cycle, celui de la vie jusqu’à la mort.
Le spectateur ressent aussi quelque chose de l’ordre de l’acceptation, ne faut-il pas accueillir cette mort qui n’est qu’au final la dernière étape de notre vie ? Notre vie durant laquelle nous sommes passés par différents états psychiques. Une vie où nous avons, par la quête de divers plaisirs, cherché la lumière, cette Issemou ? La question « Est-ce que le vent qui court, est-ce que le temps qui souffle sur nous porte ton empreinte ?« , posée par Cindy au début de la vidéo, peut faire écho directement à la mort, comme si celle-ci était une personne à laquelle s’adresse la chanteuse. Mais chacun peut faire sa propre interprétation de la chanson, et en élaborer son propre ressenti. C’est ce qui fait la beauté de ce titre.
Une sensibilité artistique !
Dès les premières notes, en répétant plusieurs fois le mot Issemou tel une onde qui flotte sur l’eau calme, Cindy Pooch nous plonge dans une atmosphère électronique soul onirique et cosmique. Des répétitions, des vibrations, des percussions… un mariage sincère de sonorités à la fois envoûtant et lumineux. « Issemou parle d’authenticité avant de parler de spiritualité, » évoque la chanteuse. Un univers musical qu’elle a pu mettre en image en se rendant dans l’un des festivals les plus créatifs du continent africain, le Nyege Nyege. « J’ai entendu parler du festival Nyege Nyege qui se passe en Ouganda, et c’est un évènement où beaucoup d’artistes se retrouvent. Je ne connaissais pas du tout ce festival qui rend hommage à la diaspora africaine, et c’est là que j’ai décidé de tourner le clip, car j’allais rencontrer beaucoup d’artistes et je voulais être au milieu de cela. » Son label InFiné l’a soutenue, et elle est donc partie aux côtés du réalisateur Julien Oska Colardelle en Ouganda réaliser ce clip.
Une vie musicale faite de rencontres marquantes
Cindy Pooch synthétise ses différentes expériences dans cet EP. Elle a débuté en reprenant des titres jazz et soul afro-américains, en tant que chanteuse lead’ dans quelques groupes. Puis, doucement, en prenant petit à petit confiance en elle, elle a élargi son panel musical et s’est intéressée à d’autres genres musicaux, notamment les musiques afro-descendantes comme le maloya en intégrant le groupe Ti’Kaniki, ou les musiques afro-colombiennes en collaborant avec la formation The Bongo Hop (où on l’aperçoit déjà dans une barque). Avec sa curiosité, et ses multiples expériences artistiques, elle a pu innover musicalement et chanter autre qu’en anglais. « J’ai pu proposer de la musique qui n’avait pas d’intention de style, ce qui me tenait vraiment à cœur. La question que je me suis posée, c’est : maintenant que j’avais goûté à plusieurs univers musicaux, qu’est-ce qui sort de moi si jamais je crée moi-même ma propre musique ? » explique la jeune femme.
Aujourd’hui, Cindy poursuit son chemin, l’auteure, interprète et compositrice nous dévoile avec Issemou, un premier fragment de son EP annoncé le 7 avril 2023 sur le label inFiné. Un titre qui annonce un disque lumineux et prometteur où l’émotion sera reine.