Une icône de la Pop culture, une institution de Kinshasa, un sous-genre de la techno devenu monument de la culture underground… à l’occasion de cette édition 2022 du FAME (Festival International de films sur la musique), voici notre sélection des cinq films à ne pas louper à partir du 16 février du côté du IIIe arrondissement et de La Gaîté Lyrique.
L’énergie positive des Dieux de Laetitia Møller
Quatre jeunes artistes (Stanislas, Yohann, Aurélien et Kevin), diagnostiqués autistes et merveilleusement encadrés par le guitariste Christophe L’Huillier, forment le groupe Astéréotypie, fusion de post-rock et de slam qui déploie une énergie absolument folle. Jamais voyeuse et toujours juste, la caméra de Laetitia Møller filme le travail, forcément complexe et semé d’embûches, de ce projet expérimental qui laisse la part belle à l’écriture automatique et aux improvisations musicales qu’il faut bien finir, contexte oblige, à cadrer. Un film qui déborde d’humanité, de bienveillance, d’ouverture d’esprit, d’intelligence, et d’une vision forcément alternative de concevoir la création musicale. Notre coup de cœur indiscutable de cette édition 2022 du FAME Festival.
France, 2020, 70 min. Projection le 19 février 2022 à 17h45 à La Gaîté Lyrique.
Queen Lear de Gero von Boehm
Le mannequinat prématuré, les Beaux-arts, David Bowie, Salvador Dali, le surréalisme, Cadaquès, Bryan Ferry, la télé à Milan, les couvertures de PlayBoy, la musique disco, le Palace, les défilés avec Jean-Paul Gaultier, les rumeurs perpétuelles sur sa sexualité, les séjours en France, en Espagne, en Italie, en Allemagne… Les réussites en cascades et la vie de rêve. Puis les désastres qui ont bien failli tout faire s’effondrer. Si un réalisateur finissait par proposer une fiction sur la vie d’Amanda Lear, celle-ci ne serait jamais autant exaltée que sa vie elle-même, pourrait-on résumer en paraphrasant l’un des nombreux témoignages qui peuplent ce film documentaire qui revient sur la carrière haute en couleur de cette icône disco, glam, arty… pop ! Icône que l’on re-découvre dans ce documentaire bien construit de Gero von Boehm et agrémenté des mots, extra lucides, extra drôles, extra ordinaires, d’Amanda elle-même. Puis rien que pour le titre — Queen Lear — faut y aller, et ne pas louper la venue d’Amanda Lear dans le Nova Club ce jeudi 17 février.
Allemagne, 2021, 52 min, VF. Projection le 18 février 2022 à 19h45 à La Gaîté Lyrique.
The Sound of Metamorphosis de Jules Cassignol
C’est l’histoire d’un frère, d’une sœur et d’un cheval (le moyen de locomotion et ami du duo) qui vivent en marge. Un habitat isolé dans la campagne, quatre murs, un toit, pas beaucoup d’espaces pour l’accumulation des richesses, mais beaucoup plus pour les idées. Pour vivre heureux, vivons cachés, vivons reclus ? La sœur profite du grand calme pour le célébrer, et le frère, lui, en profite pour créer. De la musique format électro pop qu’il compose rien que pour lui avant de se mettre en tête, idée curieuse, de la partager avec autrui. Tout bascule le jour où une connexion internet rarement utilisée jusqu’alors lui permet de partager cette musique au-delà de la rase campagne, et d’attirer la curiosité d’une émission de télévision qui a pour objectif, voyez-vous, de vous rendre célèbre. Ce qui n’était jusqu’alors que poésie tendre, douillette et simple tourne à l’horreur pure et simple. Une belle réflexion sur la nécessité précieuse de la création et de ce qu’elle peut impliquer lorsqu’il s’agit, pour les autres, de s’en emparer…
France, 2021, 18 min. Diffusion le 19 février 2022 à 19h15 à La Gaîté Lyrique.
Hard ♡ de Kevin Elamrani-Lince
L’amour… et la violence ? Kevin Elamrani-Lince, réalisateur du film Hard ♡, parvient avec une subtilité franchement remarquable, à présenter le Gabber (sous-genre de techno hardcore, lancé au début des 90’s) à travers ces deux opposés qui s’attirent. Le mot “gabber” renvoie à l’idée de “copain”, d’“ami”, de “frère”. Il fait aussi vibrer tout ce qu’il est possible de faire vibrer, et même le reste, qu’il s’agisse de le faire en manif, en soirée, dans les bois ou ailleurs. Deux opposés donc et en filigrane, les membres du collectif Casual Gabberz, auteurs de la destructrice compilation Inutile de fuir en 2017 et qui pioche dans une mémoire déconstruite quelques souvenirs pour évoquer, et non pas raconter, ce sous-genre devenu, grâce à quelques actifs de la teuf et des luttes sociales historiquement liées aux musiques électroniques les plus radicales, un véritable monument de contre-culture. Un film quasi contemplatif sur le gabber… il fallait le tenter. Il faut le voir, maintenant.
France, 2021, 80 min. Diffusion le 19 février 2022 à 21h45.
Bakolo Music International de Tom Vantorre et Benjamin Viré
Belgique, 2021, 86 min. Diffusion le 19 février 2022 à 16h15 à La Gaîté Lyrique.
“Depuis 70 ans, le Bakolo Music International fait vibrer les nuits de Kinshasa au son de la rumba congolaise et parcourt les scènes du monde entier”. On pourrait s’arrêter à cette phrase résumant le documentaire Bakolo Music International, et à ce chiffre proprement hallucinant. Soixante-dix ans de musique pour un groupe, dont ceux qui le composent se sont naturellement renouvelés au fil des ans et à l’image de nombreux orchestres d’Afrique subsahariennes, et qui continuent de défendre cette rumba réaliste, populaire et inépuisable sur les scènes du monde entier et notamment sur celles du plat pays, celui de Tom Vantorre et Benjamin Viré, les deux réalisateurs de ce film. Un chant d’amour à la ville de Kinshasa et à cette “Philosophie” qui aide tant à “comprendre la vie”, comme le chante ce groupe éminent porte-étendard d’une musique, la rumba congolaise, qui vient d’accéder au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. À voir aussi sur la rumba congolaise, le film The Rumba Kings d’Alan Brain et Rumba Rules, nouvelles généalogies de David N. Bernatchez et Sammy Baloji.
L’ensemble de la programmation du FAME Festival 2022 est à retrouver sur le site de La Gaité Lyrique.