La musique c’est bien sur une histoire de son. Mais c’en est aussi une d’images.
Du dancefloor aux enjeux de société, il n’y a qu’un pas que FAME franchit avec une programmation toujours curieuse du monde qui l’entoure. Démonstration avec une série de films à découvrir en exclusivité et en ligne sur la plateforme mk2 Curiosity. Le festival se passe à l’intérieur de nos écrans cette année, mais il reste résolument tourné vers le cœur battant de la société. Car tel est le pari FAME : écouter le monde à travers son beat, ses breaks, et ses pulsations. Du 18 au 25 février sur https://www.mk2curiosity.com.
1. American Rapstar de Justin Staple
Le rap, ce n’est une découverte pour personne, prend depuis la fin des années 70 autant de formes qu’il est possible d’en prendre. Vous connaissez le Gansta rap, le Grime, la Trap, la Ghetto house, le Rap Métal… Mais le Soundcloud rap ? Il y a bien sûr l’idée de nuage dans cette histoire (« cloud », ça veut dire « nuage » dans la langue de Lil Uzi Vert) et donc de musique vaporeuse, rêveuse, mélancolique. Il y a celle aussi d’une dépression chronique et aigüe qui marque toute une génération gavée d’opioïdes, de notifications Instagram et d’une révolte qui se fait avant tout nihiliste. No Futur ? On revient parfois sur ses bases, oui.
2. Sisters with Transistors de Lisa Rovner
Éliane Radigue, Wendy Carlos, Clara Rockmore, Daphne Oram, Bebe Barron, Pauline Oliveros, Delia Derbyshire, Maryanne Amacher, Suzanne Ciani, Laurie Spiegel. Si ce n’est Wendy Carlos, que Clémentine Spiler vous présentait dans Pionnières, ces noms vous sont certainement inconnus. Vraies pionnières (on y revient) de la musique électronique, elles sont pourtant des figures fondamentales de ces ponts bâtis entre la composition savante, la scène expérimentale, le cinéma, la télévision et la publicité, des années 50 aux années 80. Ce récit, fondamental et qui remet en cause certaines perspectives, est conté, et pas par n’importe qui, puisque c’est la voix de la très expérimentale de Laurie Anderson que vous pourrez entendre.
3. In a Silent Way de Gwenaël Breës
Un titre, déjà. Spirit of Eden, l’esprit du Paradis. C’est le chef-d’œuvre ultime de Talk Talk, ce groupe britannique formé à Londres dans les années 80 et alternativement associé à la musique new-wave, pop, expérimentale, post-rock. Du monument post-rock (le rock au service de morceaux longilignes, progressifs, souvent instrumentaux), ce disque-là, connu chez les familiers du genre mais méconnu chez les autres, en est l’une des pierres les plus fascinantes. Spirit of Eden éloigne le groupe de ses fondamentaux pop pour s’orienter vers des voix clairement plus expérimentales. Plus free, aussi. Un échec commercial à la clé, mais beaucoup de bases posées. Une histoire racontée par Gwenaël Breës.
4. Country Teasers — This Film Should Not Exist de Gisella Albertini, Massimo Scocca et Nicolas Drolc
On vous parlait il y a quelques années d’un disque (forcément très chelou) de musique country venue de Côte d’Ivoire. Comme quoi, de la country, il y en a partout. Même en Écosse ? Oui, même en Écosse. L’info est moins surprenante, convenons-en, même si ce country-là se teinte aussi… de musique garage. C’est punk, vous allez voir. Le trio Gisella Albertini, Massimo Scocca et Nicolas Drolc s’intéresse donc ici la carrière de Country Teasers, « un groupe de country garage déglingué originaire d’Écosse, et mené par un freluquet à lunettes ». Attention, il y a également de l’alcool dans ce film.
5. Beyond the Pale — Live from the Centre of Earth de Iain Forsyth et Jane Pollard
Ensemble, le duo formé par Iain Forsyth et Jane Pollard avait réalisé l’un des films musicaux les plus marquants des dernières années, puisqu’ils avaient proposé ce film (20,000 Days on Earth) centré autour de la conception du chef-d’œuvre Push the Sky away de Nick Cave and the Bad Seeds. Auteurs également du film Who is Gil Scott-Heron ?, le duo propose aujourd’hui un concert inédit de Jarvis Cocker, le mythique chanteur du non moins mythique Pulp, groupe phare de la scène britannique des années 80 et 90. C’est extrêmement classe, puisque c’est Jarvis Cocker, c’est à voir.