De John Carpenter à Lydia Lunch, de Fela Kuti à Sébastien Tellier… le FAME dévoile une programmation essentielle.
Des festivals, on vous en propose des tas et toute l’année. C’est globalement une très bonne nouvelle (en France, il y a encore de la place pour la valorisation des cultures d’hier, d’aujourd’hui et de demain), mais il est également vrai qu’on a du mal, parfois, à s’y retrouver. Le FAME, lui, a le double avantage de se démarquer de la masse, d’une part, par sa programmation irréprochable, et surtout par son originalité. Depuis six ans, le festival organisé du côté de La Gaîté Lyrique consacre en effet ses heures à la valorisation de films consacrés à la musique. Très bonne idée.
De John Carpenter à Lydia Lunch, de Fela Kuti à Sébastien Tellier, ces films-là, cette année encore, brassent large. Pour vous donner quelques repaires sur ce qui arrive en ce mois de février 2020 (du 12 au 16 février), on vous a fait une sélection rapide de cinq films qu’il faudra absolument voir, sachant qu’en réalité, dans l’idéal et dans un monde où vous auriez le temps nécessaire pour faire tout ce que vous avez envie de faire, il faudrait tout voir.
1. The Rise of the Synths d’Ivan Castell (15.02 à 17h45)
À 25 ans, il était déjà l’auteur d’un long-métrage devenu culte pour les fans de science-fiction (Dark Star, qui inspira Alien et qui citait largement et de manière irrévérencieuse le 2001 de Kubrick). Pour l’Américain John Carpenter, une vingtaine de films devait suivre, dont la plupart font désormais partie du Panthéon du cinéma d’horreur / SF indé (Halloween, The Thing, The Fog, Invasion Los Angeles…) et dont la plupart, aussi, étaient illustrés, musicalement parlant, par John Carpenter lui-même, producteur de ce krautrock synthétique, répétitif et oppressant devenu sa marque de fabrique. À La Gaîté, la projection sera suivie d’une performance du collectif Valérie (College x Maethelvin), dont c’est peu dire qu’il a été influencé par le maître Carpenter.
2. Lydia Lunch – The War Is Never Over (le 14.02 à 19h45)
« Un conseil ? Tu dois t’aimer, c’est la première chose. Personne d’autre ne pourra t’aimer si tu ne t’aimes pas. », disait Lydia Lynch en mars dernier au micro d’Aurélie Sfez, venue prendre quelques nouvelles de la chanteuse, poétesse, écrivaine, et actrice américaine, égérie du mouvement Underground et no wave new-yorkais, auteure de plus de trente albums. Au programme du film réalisé par Beth B, présenté à La Gaîté Lyrique : du féminisme, de la musique, de la poésie…et de la violence, toujours, puisque son œuvre en est, depuis 1979 et encore aujourd’hui, viscéralement imprégnée. Film déconseillé aux moins de 16 ans. Et aux esprits trop normés.
3. Sébastien Tellier : Many Lives, de François Valenza (le 13.02 à 19h45)
Représentant inattendu de la France lors d’une édition mémorable de l’Eurovision (« Divine », 2008), gourou d’une secte qui ne jure que par le Bleu (My God is Blue, 2012), aventurier lancé dans une escapade bossa nova dans le pays qui l’a vu naître (L’Aventura, 2014)… Sébastien Tellier, a priori, vous en avez déjà entendu parler. Peut-être pas sous cet angle-là. « Des premiers succès aux errances enfumées, du tourbillon des fêtes mondaines aux affres de la création, un documentaire ambitieux qui retrace les infinies métamorphoses de Sébastien Tellier », nous dit-on à propos de ce film dans lequel on croisera Xavier Veilhan, Jean-Michel Jarre, Phoenix, Air…et Sébastien Tellier, aussi.
4. My Friend Fela de Joel Zito Araújo (le 15.02 à 16h45)
Maître incontesté de l’afrobeat nigérian, icône d’une nation qu’il a contribué à faire exister sur la carte d’un monde émancipé des puissances colonisatrices, rebelle immortel qui alla jusqu’à déclarer l’indépendance de sa propre République (celé de Kalakuta) au cœur même du Nigeria, compositeur de génie et père d’une famille qui continue encore à répandre la bonne parole afrobeat (Femi et Seun Kuti)…on ne vous présente plus à vous, auditeurs de Nova, monsieur Fela Kuti. Le documentaire du réalisateur Joel Zito Araújo propose cependant, d’approfondir encore la légende Fela, et considère l’idole nigériane en le replaçant dans un contexte panafricaniste.
5. Quatorze ans de Barbara Carlotti (15.02 à 21h45)
Jusqu’alors, lorsqu’on vous parlait de Barbara Carlotti, c’était pour mettre en avant ses qualités de chanteuse pop, mise au service de quelques-uns (Philippe Katerine, Dominique A, Bertrand Belin, Tristesse Contempotaine…) et d’elle-même (pas mal d’albums perso depuis 2005) et diffusé régulièrement sur Nova depuis une dizaine d’années. Cette fois, si on vous parle de Barbara, c’est parce qu’elle se met au cinéma, et sort sa première « teen » comédie musicale, l’histoire d’une adolescente qui va danser alors qu’elle n’a pas vraiment le droit de le faire.
Et aussi les voyages de l’Américaine PJ Harvey ou de la Norvégienne Aurora, le live (couplé à une projection visuelle) de Maud Geffray, un documentaire sur l’homme aux 400 albums R. Stevie Moore, les fans dévastés de Johnny Hallyday, et une programmation complète à retrouver par ici.
Visuel en Une © Sébastien Tellier : Many Lives