Contre la banalisation d’une technologie liberticide, cette autrice et journaliste parisienne en appelle à la mobilisation générale pour crever l’œil de Big Brother. Ne souriez plus, vous êtes filmé.e.
« Qu’est-ce qui fait qu’une image qu’on a rencontrée par hasard vous suit pendant toute une vie ? » Claire Richard, l’autrice des Chemins de désir, ce podcast d’Arte Radio doublé d’un splendide petit essai sur son rapport aux images pornographiques et la manière dont celles-ci ont formé et orienté ses fantasmes et sa sexualité (éditions du Seuil, 2019), a deux mots à nous dire sur la reconnaissance faciale. Figurez-vous que cette journaliste parisienne a également dirigé à mi-temps le site Digital Society Forum, consacré aux cultures et usages numériques. Sensible aux combats de l’association La Quadrature du Net, elle en appelle à la mobilisation générale pour crever l’œil de Big Brother, contre la banalisation d’une technologie liberticide.
Souvenons-nous au passage des « tours panoptiques », terrible invention tirée du premier roman d’Alain Damasio, La Zone du dehors (1999), où chacun.e peut venir, à sa guise, espionner son prochain. « Ces salles étaient surtout pleines la nuit. S’y installaient sans honte une pléthore de voyeurs, hommes et femmes, d’épouses soupçonneuses et de maris trompés, de pères qui surveillaient leur fille et de filles qui surveillaient leur père, de curieux. S’y complaisaient surtout des pervers, des vicieux, des flics dans l’âme, des délateurs payés à l’hôtesse dénoncée et des honnêtes hommes faisant leur devoir de citoyen en enregistrant tout scène leur paraissant suspecte ou de nature à porter atteinte aux bonnes mœurs… Une fiche tactile (facultative) trônait sur la table. Pouvaient y être reportés les faits observés avec le lieu de l’action et les références du timecode. Chose remarquable, aucune case n’était prévue pour le nom de l’observateur. Ça n’avait pas d’importance : seul ce qui avait été observé comptait. À moins que l’observateur se trouvât déjà lui-même observé, enregistré et noté… si bien que son nom importait peu. »
Réalisation : Mathieu Boudon.
Pour écouter la solution de Philippe Garnier contre la reconnaissance faciale, lors d’un épisode précédent de L’Arche de Nova, c’est là : https://www.nova.fr/news/philippe-garnier-demain-nous-porterons-deux-masques-38791-04-05-2020/
Image : Black Mirror S1E3 – Retour sur image, de Jesse Armstrong (2011).