Tandis que les clubs britanniques disparaissent l’un après l’autre ces dernières années, en France, le monde de la nuit lutte depuis 2020 pour être reconnu comme un établissement culturel à part entière. C’est chose faite à présent, avec le lancement par Rachida Dati du label “Culture Club”.
Sur les photos de presse, Rachida Dati apparait tout sourire, son visage éclairé par les néons couleurs violets de la péniche parisienne du club le Mazette. Vendredi dernier, la Ministre de la Culture a voulu s’afficher dans ce club essentiel de la capitale (où Nova vous a fait danser à la rentrée 2023) pour annoncer le lancement d’un label « Club Culture« , destinée aux « lieux d’expression artistique et de fête« .
Le monde de la nuit prend la parole
Plusieurs personnalités clés du monde de la nuit français ont pris la parole durant cet événement, telles que Lisa More, DJ-productrice et programmatrice de La Machine du Moulin Rouge, Aurélien Antonini du syndicat Culture Nuit et co-propriétaire du groupe BonjourBonsoir (Badaboum, Panic Room, Virage…), ou encore Simon Boisson, du Syndicat GHR et exploitant du grand Club WareHouse à Nantes.
Pour Rachida Dati, le label « Club Culture » n’est pas « seulement un logo, mais un soutien, une reconnaissance et une protection”. Même s’il ne faut pas se faire d’illusion, puisque, concrètement, un logo à l’entrée du club assorti d’un recensement, c’est d’abord un symbole. L’État ne distribuera pas de subventions, mais acte que les clubs « font partie de la culture« .
Un label symbolique, mais aussi indicateur de qualité
Le label « Club Culture » pourrait être néanmoins utilisé comme un indicateur de qualité, car il y aura des critères à respecter afin d’obtenir et garder cette appellation, délivrée pour une durée de trois ans renouvelables. Les clubs seront tenus de continuer à soutenir « activement la création artistique et les artistes DJs » et de travailler sur « la lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels« . Ce qui se traduit par le respect de plusieurs critères de parité dans les programmations, d’accessibilité des lieux ou d’objectif de valorisation des salles émergentes. L’ensemble des prérequis pour une labellisation « Club Culture » sera précisé dans la semaine.
La nouvelle étape du long processus de reconnaissance des clubs
Pour l’instant, l’introduction du label « Club Culture » parait inconséquente, mais c’est une nouvelle étape dans un long processus. En avril dernier, les clubs avaient enfin été reconnus comme « acteur culturel« , après un combat de plusieurs années post-covid, porté par un mouvement baptisé… Culture Club, justement. En tout cas, l’annonce de Rachida Dati a été accueillie avec joie par les acteurs du milieu. Pour Aurélien Antonini : « On serait bête de refuser cette célébration. […] Elle peut permettre de changer la perception du grand public, des autorités et des municipalités, qui nous considèrent trop souvent comme des lieux de nuisance, et pas comme des lieux culturels« .
« Culture Club » sera-t-il suffisant pour accompagner un secteur exsangue ?
Un label « Club Culture » pour une Culture Club qui a bien besoin d’un coup de boost, après avoir été très fortement affecté par la pandémie. Sur les 4 dernières années, le Royaume-Unis a perdu près de 40% de ses clubs (-30% en France). Le pays compte sur l’effet Charli XCX, et sa tournée dans les clubs qui l’ont vu éclore. Reste à savoir si le dialogue entre les clubs et l’État continuera, alors même que les institutions culturelles françaises sont soumises à des restrictions budgétaires étouffantes.