Mardi, à la Cité des Sciences de Paris, une soixantaine de scientifiques se sont réunis pour faire le point sur l’envoi de messages à d’autres civilisations.
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Comment entrer en contact avec les extraterrestres ? Créé en 2015 à San Francisco et financé par des fonds privés, le METI International (Messaging Extraterrestrial Intelligence) se consacre à l’élaboration et à l’envoi de messages à nos hypothétiques voisins. Cette organisation était réunie mardi à la Cité des Sciences à Paris avec une soixantaine de scientifiques.
Ça valait bien un coup de fil à Florence Raulin-Cerceau, membre du METI et qui travaille sur l’histoire des pionniers de la communication interplanétaire.
Depuis quelques années, on sait où envoyer nos messages, vers les exoplanètes, ces planètes hors du système solaire ?
Florence Raulin-Cerceau : On a des cibles maintenant. On peut viser des exoplanètes qui sont dans des zones habitables. Autrefois, il y a quelques décennies, si on décidait d’envoyer des messages on ne savait pas exactement où, si ce n’est viser des étoiles proches. On tentait d’avoir des réponses, mais on n’avait pas vraiment de cibles.
Combien y a-t-il de chances pour que, sur l’une des exoplanètes connues la vie soit apparue, que ça ait débouché sur une civilisation et pas sur des crevettes ou des chiens-loups qui ne comprendraient rien à nos messages ?
Florence Raulin-Cerceau : C’était justement le discours de notre réunion d’hier. L’intérêt était de savoir jusqu’où on peut aller avec cette réflexion-là en se demandant si c’est vraiment aberrant de penser qu’il y a des civilisations technologiquement avancées dans la galaxie. On peut raisonner en termes de probabilités ou par analogie avec la Terre, en voyant qu’on va vers des espèces intelligentes. Le premier orateur a bien montré que l’intelligence était apparue sur Terre dans différentes branches : vous avez des formes d’intelligence chez les dauphins. On a des formes d’intelligences qui apparaissent sur Terre et qui ne sont pas en ligne droite. Ce sont des branches. Des formes d’intelligences, et pas seulement la nôtre, peuvent apparaître dans des branches distinctes.
On peut aussi avoir des civilisations sans technologie, c’est possible aussi. On ne sait pas du tout si une autre forme de vie existe ailleurs dans la galaxie, mais ce qui est encourageant c’est que les lois de la physique sont universelles. Ce qui est possible ici devrait l’être ailleurs ?
Florence Raulin-Cerceau : C’est effectivement la démarche intellectuelle. Oui, les lois de la physique sont les mêmes partout, du moins dans notre univers. Même la chimie est universelle. On retrouve des composés chimiques dans l’univers. Une physique et une chimie universelle, ça veut dire qu’un événement, sauf s’il est lié à des contingences particulières ou à un hasard extraordinaire, il peut se reproduire.
Lors de cette réunion vous avez évoqué le paradoxe de Fermi, du nom du physicien italien Enrico Fermi : il y a des étoiles beaucoup plus anciennes que le soleil dans la galaxie, donc s’il y avait des civilisations extraterrestres, leur représentant devrait déjà être chez nous, où sont-ils donc ?
Florence Raulin-Cerceau : Il peut y avoir de multiples réponses à cela. Les voyages interstellaires ne sont pas possibles. Quelqu’un a soulevé la question de la concordance de temps. Si vous avez une civilisation qui n’a pas une durée de vie qui n’est pas extrêmement longue, et que par malchance la nôtre se situe à un autre moment, on ne se rencontrera jamais. Il y aura beau avoir plusieurs civilisations dans la galaxie, si elles ne sont pas là au même moment et qu’en plus on rajoute un effet de distance, eh bien on ne se rencontrera jamais. On aura l’impression qu’on est seuls dans l’univers alors que peut-être il y a une civilisation avant ou il y en aura une après.
Visuel © capture d’écran Mars Attacks