À Lagos, les musiciens paient pour se faire entendre.
Alors que la scène nigériane bénéficie d’un éclairage de plus en plus important avec, notamment, la percée de l’afrobeats – grâce à certains artistes comme Wizkid, qui collaborait récemment avec Drake – l’industrie musicale nigériane peine à faire vivre ses musiciens, plombée par la prolifération du piratage.
C’est en tout cas ce que rapporte le New York Times dans une enquête sur le combat mené par l’industrie musicale contre ce fléau à Lagos, la plus grande ville du Nigeria. Le journal prend notamment l’exemple de l’artiste reconnue Seyi Shay. Pour se procurer ses dernières sorties, le public a pris l’habitude de faire la queue dans les marchés, clé USB ou smartphone à la main. « Ils tendent de l’argent en espèces à des pirates équipés d’ordinateurs portables » et récupèrent en échange les morceaux de la chanteuse.
Les artistes ne gagnent rien sur ces échanges, si ce n’est une certaine visibilité. D’après le New York Times, la vente de CD piratés est une pratique tellement ancrée au Nigeria que certains artistes paient même carément pour se faire distribuer par ces pirates, ou de manière plus courante, pour avoir la possibilité d’apparaître sur les blogs de musique populaires, comme notjustok.com ou naijaloaded.com.
Pour expliquer le phénomène, le journal lance deux pistes : pas assez de disquaires dans les rues, et un engouement très faible pour les plateformes de streaming de la part du public nigérian. Les acteurs de l’industrie musicale tentent tout de même depuis peu de contrer ces ventes illégales, et du même coup, de redonner un sens à la propriété intellectuelle. Certains musiciens bénéficient notamment de cours sur les droits des artistes.
Une bataille qui s’annonce rude dans le pays. « Les artistes du monde entier se battent contre la vente illégale de leur travail. Mais au Nigeria, cette pratique est tellement enracinée, que les pirates ont peur de se faire voler ce qu’ils ont eux-mêmes volé, ils doivent poser des étiquettes d’avertissement sur les CD piratés, pour insister sur le fait que « le prêt n’est pas autorisé « , peut-on lire dans le New York Times.
L’enquête est à retrouver dans son intégralité ici.
Visuel : © Capture d’écran Youtube