Prenez du funk, du disco et du rap, mélangez bien et vous obtenez la France Chébran des années 1980
« La culture des clubs n’était peut-être pas assez développée… donc c’est resté assez confidentiel… Mais c’est toujours actuel, même dans les propos », explique Fred Serendip quand il parle de la musique club des années 1980. Avec son collectif de diggers, France Chébran, il exhume les disques fondateurs de la musique électronique et du rap à travers des compilations publiées chez Born Bad Records.
En remontant jusqu’à l’apparition des discomobiles et l’élection de François Mitterand, c’est-à-dire le début des années 1980, les archives sonores retrouvées par l’équipe de collectionneurs témoignent des débuts de la musique club en France. Et ce qui frappe, c’est le savoureux mélange d’influences dans ce qui pourrait être considéré comme les origines du rap français. Le groove est présent, les voix sont autant féminines que masculines et les mélodies sont synthétiques, évoquant des classiques de la disco française.
« L’idée c’était de documenter, en rigolant, les débuts du rap ainsi que les pionniers de la funk et de la club music. Ils ne sont pas très connus du grand public, mais leur musique passait pas mal en club et ils ont été influents pour la suite de cette culture » explique Fred Serendip, l’un des membres de France Chébran au micro de Bam Bam.
Cette année, ces archéologues du son nous ont offert un volume deux, en allant dénicher d’autres sonorités issues du même terreau musical. Ainsi, sur des productions toujours aussi funky, on retrouve des mélodies plus orientales et des voix qui chantent en arabe, à l’image du morceau Ettika dont on raconte l’histoire ici. Si l’ensemble des œuvres transmet une énergie positive, il permet également de témoigner des années 1980 comme de véritables outils historiques. D’ailleurs, on découvre les premiers textes revendicatifs du « rap avant l’heure », selon les mots de Fred Serendip, avec « Pourquoi Tant de Haine » qui évoque notamment les inégalités sociales dues à la couleur de peau et nous rappelle que peu de choses évoluent vraiment… Mis à part que les styles qui se mélangent au sein de ces morceaux, notamment le funk, le disco et le rap, sont devenus indépendants les uns des autres en développant leurs propres sous-genres.
Alors, pour les férus de musique ou les passionnés d’histoire ; pour les collectionneurs ou les nostalgiques, bref, pour les curieux qui souhaitent découvrir la France Chébran des années 1980, on vous conseille vivement de remonter le temps en écoutant leurs compilations, sorties sur Born Bad Records.
Visuel © France Chébran