À Bordeaux, le premier dimanche du mois, c’est musées gratuits, séance Lune Noire (pas la tisane au CBD – quoique … – mais le film bis à l’Utopia), et musique de chambre en fin de matinée. Vous savez, le Concert du Dimanche, à l’Auditorium de l’ONB (dans l’ancien Gaumont-Olympia, pour les plus ancien.nes de nos lecteur.rices du cru). Qui vous composte, ce mois-ci, le billet d’un voyage transatlantique, depuis l’Espagne vers des contrées hispanophones plus lointaines, l’Argentine, le Mexique. Le tout dans une configuration scénique resserrée : violon, violoncelle, percussions, et un trait de plume dessus pour clore l’effectif.
Mais que joueront-ils, ces fameux musiciens ? Qui joueront-ils ? Eh bien, on peut commencer le recensement côté espagnol, avec le claveciniste Antonio Soler, le « diable en habit de moine » dixit quelques-uns de ses pourfendeurs au sein de la communauté ecclésiastique, auteur d’un Fandango redécouvert dans les années 60.
Il y aura aussi, toujours sous pavillon rojigualdo, le pianiste Isaac Albeniz, dont la Suite espagnole n°1 vous fera oublier son étonnante généalogie (il est l’arrière-grand-père de Cécilia ex-Sarkozy).
Il sera ensuite temps de basculer de l’autre côté de l’Atlantique. Parmi la ribambelle de compositeurs sud-américains et méso-américains, l’Opéra National de Bordeaux a choisi de retenir le bandonéoniste argentin Astor Piazzolla, élève de Nadia Boulanger (au même titre que Quincy Jones, Philip Glass ou Lalo Schiffrin), parangon du tango qu’il a modernisé en new tango, dont les morceaux ont résonné chez Gilliam, Polanski, Jessua, Wong Kar-Wai et, plus encore, dans le « I’ve Seen That Face Before (Libertango) » de Grace Jones.
Mais aussi son compatriote argentin Alberto Ginastera et sa Canción al árbol del ovido, reprise par Victor Jara quelques années avant sa mort, torturé par la junte fasciste chilienne.
Et enfin, cinquième et dernier compositeur lauré ici, le plus proche de nous sur la frise chronologique aussi, le Mexicain Arturo Márquez, auteur d’une Danzón n°2 au milieu des années 90.
Alors, sauf à être comme paralysé d’angoisse tel le père Blier dans Buffet Froid, on ne voit pas bien ce qui vous retient de candidater à quelques invitations. Elles s’obtiennent ici-même, avec le mot de passe Nova Aime.