Il est une chose dont nous sommes souvent privé.e.s, ces temps-ci, et que l’on trépigne de retrouver : ce sont les concerts. Debout, bien sûr. Mais même assis.es, c’est déjà ça de pris. Surtout lorsque la musique proposée nous colle volontiers sur notre séant. Ça tombe bien, c’est tout à fait le genre des « Concerts du dimanche » qui font irruption dans les agendas, chaque premier dimanche du mois, avec ses quartettes et quintette à cordes, et ses tarifs défiant toute concurrence. Un euro pour les moins de 28 ans. À peine quelques fifrelins de plus pour celleux qui ont une poignée de bougies en rab sur les gâteaux.
Quant à la programmation, c’est l’inverse : d’une richesse digne d’entrer dans les classements de Forbes – pour y coller un taquet ou deux aux oncles Picsou et autres B.O.F des années Covid. Sous les plafonds rococo du Grand-Théâtre bordelais, les œuvres de Darius Milhaud, Rezső Kókai et Sergueï Prokofiev seront rejouées, avec une fidélité qui n’exclut ni le charme ni le souffle, indéniables.
C’est d’abord Darius Milhaud qui sera à l’honneur, compositeur marseillais aux multiples inclinaisons, qui n’hésita pas, notamment, à mêler dès les années 20 les musiques sud-américaines ou le jazz au classique. Pilier du fameux Groupe des Six, il fut aussi, durant son exil américain, le professeur de Steve Reich et Philip Glass, puis, revenu en France, de George Delerue. Ça classe déjà son bonhomme. Et ce n’est pas la réécoute ou la découverte de ses Rêves de Jacob op. 294, de la musique de chambre pour hautbois, violon, alto, violoncelle et contrebasse, qui vont le déchoir de cette appréciation.
S’en suivra le segment dédié au Hongrois Rezső Kókai. La magie du magyar s’exprimera via un quartettino (comprenez, un quartet qu’on pourrait presque glisser dans sa poche) des familles, avant de céder la place au nom le plus ronflant de ce trio, Sergueï Prokofiev. Ou Serge Prokofiev, si l’on veut retenir sa période française entre 1918 et 1932. Virtuose qui composa son premier opéra à l’âge de neuf ans seulement, de quoi tutoyer Mozart, ce compositeur, capable d’effaroucher les huiles bourgeoises de la Russie tsariste comme les apparatchiks staliniens, a donné dans le grandiose et l’intimiste, les grandes orgues et la délicatesse, l’hypermoderne et le traditionnel, le scénique et le cinématographique (avec Eisenstein). Un éclectisme dont vous pourrez savourer l’un des avatars, par le biais d’une quintette de bois et de cordes ; l’occasion d’apprécier les élans épiques et plastiques de celui qui écrira plus tard Pierre et le Loup, Alexandre Nevski ou Roméo & Juliette (oui, c’est la musique de la pub Chanel dans les années 90).
Pour gagner votre place, le fléchage est facile à suivre, ça se passe juste ci-dessous, avec le mot de passe Nova Aime, ça va de soi.
Concert du dimanche : Milhaud, Kókai, Prokofiev, le dimanche 6 février à 11h00 @ Opéra National de Bordeaux.