S’il y avait, au terme des concerts orchestraux comme à la fin des films, un déroulé des crédits, ça irait vite ici. Pas plus vite que la musique, certes, mais le générique serait malgré tout emballé fissa car les musicien.nes seront au nombre de quatre : un violon (Alex Diep), un alto (Cyprien Semayne), un violoncelle (Eric Abeijon), une flûte (Coline Allié). Voilà pour la distribution, au carré.
Un quatuor de chambre qui se propose de vous conduire, de vous faire la visite guidée, mettant le cap à l’est. Direction la Mitteleuropa, le Saint-Empire germanique, l’Autriche, la Bohême des XVIIIe et XIXe siècles, par le biais d’une volée de feuillets rejoués de bon matin, de compositions signées Wolfgang Amadeus Mozart, Franz Schubert et Anton Dvorak.
Celle-ci par exemple, pour flûte et trio de cordes, griffonnée et offerte en cadeau à un ami un jour de Noël 1777, comme on placerait un gaufrier, un bouquin Taschen ou des bons d’achat quelconque sous le sapin. On jalouserait très facilement cette facilité d’inspiration, ce don, ce délié – en même temps, Wolfgang, quoi.
De Mozart à Schubert, le lien est facile à trouver : il s’appelle Salieri, que la postérité, si prompte à défigurer l’un pour enluminer l’autre, a injustement dépeint comme l’éternel rival jaloux et conspirateur. Quant il fut en fait un maître, avec pour élèves des Beethoven, Lizst, Reicha, Meyerbeer, Mozart fils (!), ainsi que Schubert, donc. Le Franz viennois, sous influence mozartienne dans ses jeunes années, savait tirer le meilleur de cette référence, y puisant le charme lyrique et l’élégance sensible de ces mouvements, hélas inachevés.
Et enfin Dvorak, le chic Tchèque, auteur d’un Quatuor dit américain, car écrit lors de vacances outre-Atlantique et joué pour la première fois au Nouvel An 1894 à Boston. Plein d’euphorie virtuose, d’inspirations lumineuses (trilles de fauvette, chansons gospel), de souvenirs du pays natal, cette oeuvre parmi les plus connues du musicien praguois a été adaptée et réarrangée (on vire un violon, on le remplace par une flûte) par les bons soins de l’Opéra National de Bordeaux.
À ce boudoir voyageur et cosy installé à l’Auditorium, la Radio Nova Bordeaux vous refile quelques invitations ; une aubaine à saisir sans plus attendre, avec le mot de passe Nova Aime.