Pour certain.es, c’est le gigot à l’ail. Pour d’autres, le match de foot, la séance de ciné, la messe, la gueule de bois, la partie de Risk, que sais-je encore. À l’Opéra National de Bordeaux, le rituel dominical s’accorde plus volontiers avec des harmonies de musique de chambre. Une fois par mois, les concertistes piochent dans le répertoire patrimonial, pluriséculaire, de ce style pour tresser des écharpes sonores sonnant comme du mohair pour les oreillettes. Et pour ce faire, pour la der (en 2021) de ce rendez-vous, ce sont des feuillets griffonnés par Schubert et Beethoven qui ont été extraits de derrière les bons fagots.
L’ordre de passage ne peut pas vraiment privilégier le chronologique : ces deux-là étaient contemporains – ils sont d’ailleurs décédés à vingt mois d’intervalle à peine (1827 pour Beethoven, 1828 pour Schubert). Mais l’alphabétique n’a pas non été choisi. Peut-être est-ce le verdict de la fortune si c’est Schubert, donc, qui sera envoyé en éclaireur. Le gars Franz, maître ès lied, ces « petites formes » poétiques tout autant qu’instrumentales. Le compositeur viennois, dont la prolixité artistique n’a rien à envier à celle d’un King Gizzard & The Lizard Wizard aujourd’hui, attaquera à la corde ce diptyque en offrant son Trio à cordes d. 471 au ravissement général. De quoi se retrouver dans les cordes, c’est vrai, un peu knocked-out, pour les meilleures des raisons. Et dire que cette compo est inachevée …
Et ce n’était que le tour de chauffe, l’entrée en matière, la première salve. Car, après cette experte mise au diapason, c’est le commandeur en personne qui affirmera sa préséance auprès des tympans de toutes souplesses : Ludwig van Beethoven, le seul, l’unique, le tutélaire, dont vous ne manquerez pas d’apprécier le Septuor en mi bémol maj. op. 20. Des cordes, des vents, des mouvements qui ont de l’inventivité à revendre : jeu, sept et match plié sans discussion possible. Ou alors vous irez en référer à l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche – à qui ces entraînantes phrases musicales sont dédicacées.
D’ici dimanche, pour qu’à l’heure des viennoiseries et des régalades « schubeerthoven », le petit carton sur le fauteuil réservé soit à votre nom, une seule méthode : SIGNALER VOTRE INTÉRÊT ICI-MÊME, à l’aide du mot de passe Nova Aime.