Pas de film au menu ciné de la semaine, mais un épatant bouquin sur l’un des plus grands films.
Metropolis restera dans l’histoire du cinéma comme un des films les plus fondateurs. Par la puissance de son récit, son impact visuel ou la démesure même du projet de Fritz Lang pour cette dystopie prométhéenne devenue prophétique dans sa vision des rapports de classe.
Rien n’a égalé cette œuvre monumentale depuis sa sortie en 1927, tant dans le gigantisme de sa production que dans son influence encore prégnante dans le cinéma de science-fiction. Pour autant, tout n’avait pas été dit ni écrit sur cet insurpassable classique. Un collectif (il fallait au moins ça pour s’attaquer à un tel film) s’y attelle avec Construire Metropolis, époustouflant livre making-of, reprenant ses fondations, du contexte historique à celui social ou culturel de l’Allemagne sous la république de Weimar.
L’imposant ouvrage s’immisçant aussi dans la vision de Lang et sa fidèle Théa Von Arbou, notamment dans l’idée d’un film qui tiendrait autant d’une éternelle fable chrétienne que visionnaire du culte à venir pour la civilisation des machines industrielles. Construire Metropolis porte admirablement son titre quand le film s’érige au gré des pages, cette somme revenant sur absolument toutes ses étapes, jusqu’au feuilleton de la quête des différentes versions et matériel qui ont mené à sa réapparition, ses répercussions à sa sortie dans un XXe siècle au bord du chaos ou la perfusion persistante de son inépuisable héritage culturel. Soit un exceptionnel livre genèse, minutieux travail d’architecture narrative, décortiquant son sujet et ses complexités. Devenu une cathédrale de cinéma, Metropolis y trouve enfin une bible à sa hauteur.