Les fascistes italiens à l’assaut du cinéma américain
LA COURONNE DE FER, film mythique italien de 1941. En pleine guerre , il fut présenté au festival de Venise et obtint la coupe MUSSOLINI ! L’enjeu était de contrer la culture américaine déjà envahissante. Et malgré les événements, sa carrière continua, même après guerre en Europe et en France, où son succès se confirma.
Il s’agissait d’une production à grand spectacle, à hauteur des superproductions U.S qui écrasaient tout sur leur passage. L’état paya, et choisit le célèbre Alessandro BLASETTI, réalisateur haut en couleur, toujours botté (il se prenait pour FRITZ LANG ?), tonitruant, dirigeant les plateaux au porte voix.
Fellini vint sur l’immense plateau de CINECITTA ou se tournait la Couronne de Fer, dans d’incroyables décors de palais ou de forêts reconstitués et prit un peu l’incroyable Blasetti comme modèle.
Pour ce grand film, ou il fallait rivaliser avec GRIFFITH l’Américain, ou EISENSTEIN le Russe, les grands MOGULS de l’époque en terme de superproduction, Blasetti lança les scénaristes sur tous les fronts.
Le résultat du scénario, emprunte à tous les contes et légendes : SIGFRIED des NIBELUNGEN germaniques et nordiques, TILL l’espiègle et sa fronde, (ou David et Goliath), Romulus et Remus, fondateurs de Rome et aussi les gladiateurs avec arènes et jeux du cirque, mais également la BELLE au bois dormant, sans oublier MACBETH de Shakespeare, Yvan le terrible, TSAR de Russie, les Chevaliers de la Table Ronde, ajoutez un zest de TARZAN et un doigt de ROBIN des BOIS, avec un peu de SPARTACUS et sa révolte d’esclaves !!!
Pour obtenir un succès international, Blasetti faisait appel à tous les gouts, les peuples, afin d’être sûr de contenter un peu tout le monde, dans tous les genres… Et ça a marché.
C’est l’histoire d’un roi cruel et de sa fille enfermée, d’une sorcière et d’ une malédiction, de bébés échangés et de vengeance (d’un fils de roi vaincu) au cours d’un grand tournoi ou les chevaliers du monde entier se battent. Le tout sur fond de couronne magique qui réapparait…
Ce film rapide, enlevé à coup de scènes grandioses d’action définitives, se reçoit un peu comme un orage, ou la beauté des acteurs et la grandeur des décors de légendes seraient des éclairs…
Grand Spectacle tous publics, tout en mouvement, les cadrages en noir et blanc restent luxueux, composés avec soin , visant le panache, la démesure, flirtant avec le mauvais goût et un kitsch rétro, surchargé.
Malgré la naïveté, le luxe des éclairages et la réelle beauté, notamment des forêts reconstituées, on contemple, hypnotisés, une sorte de moment de folie à l’italienne, de faux luxe débridé, mais dense.
On retrouvera le beau Massimo Girotti, premier rôle de la Couronne, avec Antonioni et VISCONTI, en beau ténébreux des années 50..
Quand à Luisa Ferida (la princesse Tundra, chef des esclaves) et le méchant chevalier en char à pointes , Osvaldo Valenti , son mari dans la vie, ils seront abattus en 1945, accusés fantasmagoriquement de crimes et d’orgies fascistes !
Quand à la couronne de Fer, elle existe : de style byzantin, elle est une des plus vieilles couronnes conservée de l’histoire (an 591). On dit qu’elle est forgée avec un des clous de la CROIX du Christ, et se trouve dans la cathédrale de Monza.
AMEN.
La COURONNE DE FER . De Sandro BLASETTI. 1941 . DVD distribué par BACH film . Noir et Blanc, avec un Bonus historique.