Retour sur l’histoire de Cracki Records, à l’occasion de la sortie de “Mémoires d’Éléphants #03”, la compilation célébrant 10 ans d’existence du collectif.
Dix années après la création de Cracki Records (nous étions donc en 2011), il est difficile de se rappeler la bouffée d’air qu’avait été l’arrivée des collectifs et labels montés par des passionné.es dans le gigantesque terrain de jeu que se partageaient les majors et les discothèques contenues entre quatre murs.
À l’époque, le monde de la nuit semblait en mal de challengers (et même de participant.es) viables. En octobre 2009, une pétition intitulée « Quand la nuit meurt en silence », pointant du doigt le manque d’activité et d’offre de la nuit parisienne, circulait massivement sur les réseaux sociaux. Deux mois plus tard, 11 000 personnes l’avaient signée, ce qui donne une idée de la taille du microcosme concerné, d’autant plus qu’une scène qui ne vit pas ne fait que diminuer.
En 2009, Cracki est sur le point d’exister. Ses fondateurs, Donatien Cras de Belleval et François Kraft sont des potes qui partagent un paquet de morceaux en commun sur les playlists de leurs Ipods, et un besoin de créer des projets ensemble. Ils monteront des associations, ils écriront des chroniques musicales (pour le compte du bimestriel Keith) et voyageront un peu partout en France et dans le monde.
Cette période va amener deux découvertes. La recherche de pépites cachées pour Keith magazine les mettrons sur le chemin de nombreux artistes pas encore repérés par les grands labels (via des réseaux sociaux aujourd’hui poussiéreux comme MySpace), et leurs voyages les guideront vers les open airs qui fleurissaient en Suède, en Allemagne, en Europe… mais qui ne prenaient étrangement pas racine en France.
Cracki naît au retour d’un trip en Inde. Le logo, pensé pour être facilement poché, représente le dieu-éléphant de la sagesse Ganesh, avec un vinyle dans les mains et des grandes oreilles qui captent le son de loin. Le ton est donné.
En 2012, Isaac Delusion ouvre la discographie du label avec “Midnight Sun”, une douce pop qui rentre immédiatement en playlist sur Nova. Puis s’enchaînent les signatures et les sorties (L’impératrice, Ménage à Trois, Agar Agar, Renart, Saint DX) qui expriment pleinement la diversité artistique de leur catalogue – une discographie qui pour ces concepteurs s’apparente plus à une série de coups de cœur.
De toute évidence, l’éléphant a du flair, et les artistes qui les suivent aussi dans l’aventure Pedro Booking (l’agence de booking fondée avec Amical Musical) font la tournée des festivals – (Ici une photo de Ménage à Trois prise par Étienne Daho au Midi Festival).
En parallèle, le collectif organise des événements en extérieur où la Crackisette (un mélange de vin blanc, de grenadine et de citron proche du kalimucho, servi dans un bidon de kérosène) coule à flot. Que ce soit sur le belvédère de Belleville, à la Prairie du Canal ou à Carrières-sur-Seine (pour le Macki Music Festival organisé avec le collectif La Mamie’s), l’important est que l’on reste loin de la crispation des clubs parfois étriqués.
Aujourd’hui, c’est 10 années de variations pop qui sont célébrées, avec une compilation, troisième de la série des “Mémoires d’éléphant” qui remet en lumières des morceaux d’artistes du label et en profite pour étendre son spectre musical à d’autres couleurs… Un opus à placer entre une rétrospective et un pas en avant.
Visuel © Marine Billet / Cracki Records