Une expo le raconte dès mercredi 8 mars au Musée Bourdelle.
Tout le monde connaît le nom de Cristobal Balenciaga, mais personne ou presque n’a la moindre idée de la démarche de ce couturier très à part, qui passe pour un grand classique ! Christian Dior l’appelait le maitre et disait « on ne fait que suivre ce qu’il indique… » Hubert de Givenchy affirmait qu’il était sa religion avec l’église.
Clientèle huppée, défilés silencieux
Ses clientes n’étaient pas seulement riches, mais aussi reines, princesses, de haute noblesse. Ses défilés étaient silencieux, il ne jouait pas le show, et ne s’intéressait qu’à la coupe. Né pauvre au pays basque espagnol, il a travaillé dès quatorze ans et son talent lui a permis d’ouvrir tôt des maisons de couture en Espagne et en France. Les photographes rêvaient de photographier ses robes, et ont magnifié ses allures extraordinaires sur des mannequins au sommet de leur métier.
Il a conquis l’Amérique, comme il l’avait fait pour l’Europe, sans problème. Il a lancé le noir, qu’il mettait haut dans la gamme d’élégance, car il voulait le dessin et la ligne, comme tracée à l’encre, mais dans la réalité. Très discret , mais aussi très puritain, toujours impeccable, en costume trois-pièces sombre et ultra classique, Balenciaga ne voulait pas que le corps apparaisse trop, et si possible pas du tout !
Il a donc imaginé, inventé des coupes et des volumes amples, des arrondis, même dans le dos, aux épaules, des cols châles immenses, des manches larges, des plissés, des volumes artificiels de sculptures, des robes basculées dans le dos, des froncés ou bouillonnés devant, des chapeaux immenses… Cette obsession de la silhouette, mais qui n’existe pas : à part la taille, parfois prise, il regonfle tout, agrandit les courbes et invente presque la façon de se tenir des mannequins, bassin en avant, tête en arrière, une jambe tendue l’autre inclinée pour le déhanché…
Couturier ? « Une vie de chien »
Et ainsi ce pape de l’austérité, ce catholique fervent, cet homme très discret et rigide, cet inventeur de l’élégance parfaite, absolue, cet homme qui a récréé la « classe » moderne, cette mode internationale de haut niveau, dira sur le tard que la vie de couturier est une vie de chien… La grande inspiration de cet enfant pauvre du pays basque était le vêtement de travail : celui des marins, des ouvriers, en coupe simple, toile épaisse, et lesquels justement donnaient ces volumes, cette ampleur, ces panneaux de tissus rigides ou lourds, ces plis majestueux…
Il tenait tant à la « tenue » des tissus, qu’il fit créer pour lui une matière, le GAZAR, permettant ses architectures. Il est ainsi devenu le maitre de la sculpture en mode, utilisant tout son talent a décaler, décintrer les lignes. Il devint le seul « couturier des couturiers », reconnu par tous, et encore intouché aujourd’hui.
Du 8 mars au 16 juillet, au musée Bourdelle, Paris XVe. Et afin de comprendre cet artisan de la mode, inventeur des volumes et d’une couture sculpture derrière laquelle le corps s’efface. Pour ne garder que la ligne, l’idée graphique…
On vous avait aussi, il y a une semaine, regroupé quelques photos de l’expo en question. C’est à voir ici.
Visuel (c) DR