Un documentaire dans l’ombre d’un skateur pro.
« Danger Dave » est un documentaire d’immersion dans une contre-culture comme il en manque aujourd’hui, où tout est dans l’extrême-narration. Aujourd’hui la volonté de donner une dynamique scénarisée à un documentaire prédomine, quand l’ambition initiale du genre est avant tout d’être un témoignage.
Danger Dave, prend le parti opposé de ces nouvelles coutumes et choisit d’apporter un regard brut et proche sur la descente aux enfers d’un skateur pro en pré-retraite, David Martelleur, animé par une seule passion, celle du skate, mais qui est aussi la seule et unique chose qu’il sache faire et pour laquelle il semble vouloir vivre.
Pendant cinq ans Philippe Petit a été son ombre, le suivant dans les tréfonds des contests de planche à roulette à travers le monde, Europe, Thaïlande, USA. Et ce qu’il nous donne à voir c’est la nudité d’un homme sur sa planche et avec un sérieux penchant pour l’alcool, loin des vidéos lissées et pastels diffusées par les marques qui sponsorisent ces skateurs.
Free parties, bières et festival où le skateur est rémunéré au trick réussi, Danger Dave prend conscience chute après chute que les jeunes derrière ont faim, et qu’une carrière dans le skate est sans doute plus éphémère qu’escompté. Pas forcément dans un esprit de compétition mais dans une prise de conscience que ce qu’il aime vivre n’est peut être plus pour lui.
Icare à roulettes
Derrière le thème du skate c’est alors les images d’une solitude que le roulement n’arrive plus à combler que dévoile le film. Sans sponsor, rider n’est que rider et la fête n’est qu’un gouffre. C’est un attachement naturel que confère alors le visionnage de Danger Dave, puisque le spectateur n’est que soumis à l’artificialité du montage, un personnage conscient de sa propre chute, mais qui s’y refuse néanmoins, tel un Icare à roulettes mais qu’on souhaiterait pourtant rattraper tout au long.
Un excellent doc qui choisit d’aborder les sujets par l’underground, donnant plus de véracité à un éclairage qui finit par être général.
Visuel : © Capture d’écran Youtube