Wassyla Tamzali, féministe, écrivaine, ex-avocate et directrice des droits des femmes à l’UNESCO, l’affirme : pour les femmes en Algérie, c’est le moment d’élever la voix.
« En Algérie, on a anesthésié la population par la consommation ».
Lucide et inquiète malgré l’air frais qui règne sur la capitale algérienne et les messages d’espoirs qui circulent dans l’air, la militante féministe, écrivaine, ex-avocate et directrice des droits des femmes à l’UNESCO, Wassyla Tamzali, l’affirme : pour les femmes en Algérie, c’est le moment d’élever la voix.
« Ici, on pense que la masculinité est supérieure à la féminité. Et je considère que l’Islam est devenue une morale sexuelle, plus qu’une religion basée sur la spiritualité. Ici, les Islamistes ont perdu, mais leurs idées ont gagné. »
Être féministe, laïque, libre-penseur, être pour la liberté sexuelle ou l’homosexualité, c’est le point de vue d’une minorité.
« On doit tenir compte du fait qu’être féministe, laïque, libre-penseur, être pour la liberté sexuelle ou l’homosexualité, c’est le point de vue d’une minorité. Aujourd’hui, dans ce grand mouvement de fraternité, où tout le monde s’aime et où tout le monde est content d’être ensemble, je crois que la minorité que je représente doit absolument, et avec lucidité, non seulement considérer qu’elle est une minorité, mais aussi renforcer ce qu’elle veut obtenir. Nous ne l’obtiendrons pas car nous sommes une minorité, mais si nous ne disons pas ce que nous voulons, personne ne pourra dire à notre place ce que nous voulons ».
On n’attend plus rien de l’État, on fait ce qu’on doit faire
« Cette révolution, avant d’être entendue dans la rue », témoigne-t-elle aussi, « elle a été annoncée par des démarches individuelles, et par des gens qui ont dit : on n’attend plus rien de l’État, on fait ce qu’on doit faire. Les cinéastes, les artistes plasticiens, les éditeurs… leur action a été le signe avant-coureur de la Révolution. »
Depuis Alger, Aurélie Sfez a également assisté au meeting confidentiel des femmes dans la librairie L’arbre à dires sur les hauteurs d’Alger. Pour elles, également, une crainte : celle que la Révolution n’érige pas en priorité les droits des femmes, et malgré les beaux discours que l’on peut entendre çà et là.
« Les Vibrations d’Alger », animé par Aurélie Sfez et Marie Misset, réalisé par Guillaume Girault
Visuel © Aurélie Sfez