Balade bavarde dans le Lyon de la tête chercheuse.
Multi-tâches, il dirige, coordonne et gère Les Halles du Faubourg, la Taverne Guntenberg ou encore Maison G. Guillaume Sénéchal vous emmène dans Lyon, du premier à la Guillotière en passant par St Jean.
Pour ce premier épisode, il vous donne rendez-vous vers chez lui, rue des Capucins. Une rue située dans le bas des pentes de la Croix-Rousse, soit au point de départ de « la migration du lyonnais », cet itinéraire géographique et temporel de l’habitant lyonnais typique, que Guillaume théorise ici pour vous.
« T’arrives à 20 ans, t’es tout frais, tu t’installes en bas pentes parce que y’a des bars, y’a du bruit mais tu t’en fous, et après, petit à petit, tu rencontres une petite nana ou un petit gars, tu te mets en couple et là tu grimpes tranquillement à la Croix-Rousse. T’as les petites épiceries, t’as le marché, c’est un peu plus calme. Quelques temps après, hop t’as le bide qui gonfle. Tu fais un enfant et là… tu vas jusqu’à Caluire. Tu t’installes à Caluire, t’as une maison, et deux ans après encore – c’est une cycle de 6 ans apparemment – deux après t’en as ras la cul, les gamins te saoulent, et tu redescends en bas des pentes et tu recommences là même vie.
Moi je suis toujours en bas, j’ai pas grimpé pour l’instant, je sais pas c’est peut-être trop haut, j’ai peut-être la flemme. »
Vous continuez de suivre Guillaume, personnage essentiel de l’événementiel culturel à Lyon, devant l’un des lieux les plus insolites de la ville. Un endroit dans lequel il a vécu une expérience dont peu de personnes peuvent se venter.
« Un endroit merveilleux et très important pour la cité Lyonnaise : l’entrée du Sun… C’est apparemment le plus grand sauna libertin d’Europe. Donc il a fallu forcément un jour que je le vérifie, parce qu’on dit ça, on dit ça… Ça fait quand même partie du patrimoine ! Apparemment, des gens se déplacent jusqu’ici pour tester ce sauna !
On s’est retrouvés ici à l’angle et on s’est dit : vas y c’est le premier vendredi… Et à ce moment, y’a une veille 206 toute pétée qui se gare, un gars sort de la voiture, et c’est Allan Theo. On nous dit : il vient ce soir il fait un show. Donc là bah écoute go quoi, boom, on pose les 50 balles, on descend. Du coup 10 minutes après j’étais en peignoir avec une coupe de champagne, une rondelle de saucisson dans la main, et le gars à moitié à poil qui chantait Emmène moi devant moi… devant 5 péquenauds en peignoirs.
Je suis allé là bas, et j’ai vécu, un truc exceptionnel. Donc cette rue elle m’évoque quelque-chose. J’ai payé 50 balles un concert d’Allan Theo à moitié à poil, mais je regrette pas. Il y avait des bains, il faisait chaud, bon, cool. Comme quoi les boys bands se reconvertissent. En plus on est à côté de l’indien qui ressemble à un resto savoyard.
T’as un petit enchaînement ici – indien-sauna – que je recommande. »
C’est en passant par la « diagonale du traquenard » qu’il vous fait traverser la Saône, direction la rue Gadagne. Il en profite pour vous expliquer les motivations qui l’ont guidé dans l’ouverture de la Taverne Gutenberg et des Halles du Faubourg, ainsi que son ambition d’ouvrir un jour un nouveau lieu multi-culturel et pérenne.
« Etant Lyonnais depuis un moment, comme d’autres avec qui je travaille, c’est vrai que j’ai vu la ville un peu évoluer, et au final, je trouve qu’il y a peu de choses qui changent. C’est souvent une répétition, c’est souvent les mêmes lieux… qui changent de noms, qui changent de personnes, qui changent de formats, ou d’événements, mais a y a rien de nouveau qui sort de terre. Au final dés qu’il y a des grands projets qui se font c’est toujours à destination commerciale ou touristique. L’Hôtel-Dieu, qui est un lieu historique de Lyon, est devenu un hôtel, un lieu soi-disant ouvert mais finalement pas du tout accessible, avec un buddah-bar, avec des cafés hors de prix… c’est un petit peu dommage d’en arriver là. »
Il aime découvrir des lieux, les transformer et en faire des lieux de culture et d’art, il aime aussi beaucoup raconter des anecdotes et la bonne bouffe. En plein coeur du vieux Lyon, il vous emmène devant le bouchon Notre Maison, son pêché mignon, puis compare la rue Saint-Jean avec la rue du Boeuf, si proches et pourtant si différentes, avant de vous raconter pourquoi, au restaurant Le François Villon, il n’a vraiment (mais vraiment) pas fait long feu après y avoir été embauché.
« C’est assez étonnant, en parallèle, t’as deux rues avec des restaurants : la rue Saint Jean et la rue du Boeuf. Dans la rue Saint-Jean t’as tous les attrape-touristes, sans vouloir remettre le paquet là dessus, mais voilà, t’as des restaurants qui sont blindés tout le temps, et un mètre plus loin, t’as la rue du Boeuf qui je crois, depuis quelques temps, est la rue la plus étoilée de France, ou du monde… Je dis peut-être des conneries, je mens peut-être un petit peu. En gros c’est une rue très étoilée.
Ça c’est aussi un peu con, quand t’as l’habitude d’être dans ville, tu fais plus trop attention aux endroits dans lesquels t’es. La rue Saint-Jean tu l’associes à une rue où c’est compliqué de passer pour aller d’un point A à un point B, et du coup t’y vas pas. Mais si on lève là tête, c’est incroyable, c’est magnifique. »
Retour au sources pour cette dernière étape de la balade menée par Guillaume Sénéchal, à la Guillotière, rue de l’Epée plus précisément. Une rue très bariolée où se côtoient plein de choses diverses, et qui a vu naître, il y a 4 ans maintenant, l’aventure passionnée de la Taverne Gutenberg, dont Guillaume est l’un des fondateurs.
« Pendant 3 ans et demi on a foutu un sacré bordel. Tous les soirs on avait quelque-chose, tous les jours on repeignait, on avait des expositions qui s’enchaînaient tout le temps, tout le temps, tout le temps. Je sais pas… on a dû faire 500 événements, on a exposé 400 artistes, on en a eu une trentaine en résidence.
Je trouve cette rue assez chouette : on a un grossiste en téléphonie, un lancer de hache, un lieu artistique et culturel, une association qui s’occupe des chibanis, un club de box super reconnu, et SOS racisme en face. »
C’est ici qu’on le quitte en lui souhaitant la meilleur chose qui puisse lui arriver: du mouvement.