Balade blues et mystique en noir et blanc dans les rues de l’illustrateur lyonnais.
Cette semaine, balade blues et mystique en noir et blanc dans les rues de l’illustrateur Jean-Luc Navette. Entre sa cabane dans le 5e et le cimetière de Loyasse, on se raconte des histoires sous les regards de Robert Johnson, d’Ivan le Terrible et de gentils fantômes.
On se retrouve, rue Bellièvre, dans l’atelier Viva Dolor. Sa “cabane depuis 16 ans”. Ici, “c’est un endroit où on écoute de la musique, boit des cafés et fait des dessins”. Les murs sont tapissés de dessins, de tableaux et de pochettes d’album. Les étagères regorgent d’objets en tout genre.
Jean-Luc Navette nous guide à travers ce cabinet de curiosités. “J’aime m’entourer d’objets qui m’aide à trouver l’inspiration ou juste me rassurer quand je dessine”. On se poste devant le portrait d’Ivan le Terrible d’Ilia Répine. Le peintre se place quelques secondes après l’assassinat du fils et choisi de montrer les yeux écarquillés d’un homme qui réalise la folie de son acte. “Moi aussi j’aime bien le fait de raconter une histoire pas forcément au moment où on s’y attend le plus”.
On se rapproche de sa table à dessin. On y trouve tasses à café, cailloux, dents et icônes religieuses. Une citation de l’Enfer de Dante, aussi, juste au dessus. “Et la vapeur du fleuve dessus s’étend sauvant du feu ainsi l’eau et ses bords”. “Il y a pas mal de choses qui m’évoquent beaucoup de dessins dans cette phrase”.
On invente quelques histoires et on retrace celle de Robert Johnson. “Son image n’a pas pris une ride et cette photo est toujours aussi énigmatique. […] Elle fait froid dans le dos”.
On quitte l’atelier de Jean-Luc Navette pour rejoindre, pas très loin, quelques copains. Ceux de la marque de guitare Custom 77. On se balade dans l’histoire et l’atelier. Puis on tombe sur Lucille, la guitare de BB King, qui bientôt peut-être, sera sa propriété avant d’être brûlée.
Entre deux blagues de haute volée, on découvre sans s’y attendre que le plus grand talent de Jean-Luc ce n’est pas le dessin, mais le karaoké ! Et c’est Jean-Baptiste qui balance : “Quand il fait Bruce Springsteen dans We Are the World, c’est énorme !”
On oublie que nos poumons sont encrassés et on se lance dans l’ascension de la Montée du Gourguillon. “Il paraîtrait que le diable est apparu ici une nuit à un curée de Saint Jean”. On a envie d’y croire et on s’essouffle. “J’aime bien cette montée, c’est un endroit où je viens un peu poser mes valoches quand j’ai besoin de réfléchir. Cette montée, elle ramène à la réalité !”
Il nous raconte quelqu’un de ses concerts cultes à Fourvière, et on arrive au Cimetière de Loyasse. “Je trouve que c’est un bel endroit,[…] J’aime bien me laisser porter et laisser perdre mes yeux […] Ici, c’est un bon moment pour s’oublier.”
Au fond du cimetière, les allées disparaissent et la nature engloutit les tombes. C’est ici que le dessinateur aime se poser, faire des croquis où écrire un texte. “Après la balade dans le cimetière je trouve que cet endroit c’est un beau moyen de faire redescendre l’ambiance et voir un peu ce qu’on y a vécu”.
On y discute des figures qui veillent sur lui, comme Neil Young. “Ici, c’est peut-être l’endroit où il y a le moins de fantômes à Lyon. C’est pas dans la gare qu’il y a le plus de voyageurs.”