Balade littéraire dans le Lyon de la libraire.
Le 6ème arrondissement de Lyon a bien plus à offrir que ce que l’on croit, en tout cas c’est ce que pense Marianne Bétinas, co-fondatrice et co-gérante de la librairie l’Astragale, rue de Sèze, aux Brotteaux.
Elle vous emmène dans son quartier et dans sa librairie où la déco a son importance.
« Ça se flâne une librairie, c’est une lieu qu’on peut découvrir par soi-même. On a essayé de le rendre convivial, que esthétiquement ça laisse une trace, en jouant avec le cuivre et la lumière. On voulait faire un lieu vivant. »
Elle vous parle de la rue de Sèze, de son quartier qui change et de sa librairie L’Astragale qu’elle a lancé il y a 3 ans, comme un défi réussi.
« On donne envie aux gens de lire en désacralisant la librairie. Aujourd’hui la libraire est silencieuse mais d’habitude y’a toujours de la musique, on parle fort, on rigole, on dit bonjour très fort. C’est pas un endroit où on est obligés de chuchoter et où dés qu’on fait tomber une pile de livres c’est une catastrophe. Avec les enfants c’est pareil, quand ils attrapent 4 livres et qu’ils les jettent par terre bah c’est pas grave, un livre c’est fait pour vivre.
Donner aux gens l’envie de lire c’est dans un premier temps ça et ne jamais leur faire sentir qu’il ne sont pas à leur place, deuxièmement c’est ne jamais juger ce qu’ils ont envie de lire. »
L’histoire d’un quartier se fait par ses habitants et par ses commerçants. Vous continuez la découverte de la rue de Sèze avec Marianne qui vous emmène jusqu’à la Brasserie du square, aussi nommé le bistrot jaune. Il y a plusieurs ambiances dans cette rue de Sèze.
« Y’a plus beaucoup des lieux comme ça : des bistrots. Où les patrons sont sympathiques mais un peu ronchons. »
Le sixième, quartier bourgeois, quartier de plus en plus « bobo » ? On met les pieds dans le plat avec la libraire qui assume elle totalement de faire partie des bobos du côtés des Brotteaux. Ce qui est sûr pour elle, c’est que le sixième revêt plusieurs aspects, ce qui le rend encore plus intéressant.
« Qu’est-ce que ça veut dire bobo aujourd’hui ? Ça veut dire bourgeois bohème… Alors selon ton métier t’es surtout bohème, je pense qu’en librairie on est plus bohème que bourgeois parce qu’on a pas le salaire. Je sais pas. Je pense qu’on s’inscrit un peu là dedans, parce que si tu veux on propose des choses qui demandent de s’intéresser un peu au design, à la littérature, aux arts… Je sais pas ce qu’on remet derrière ce mot. Est-ce qu’il y a eu des enquêtes anthropologiques ou sociologiques sur les bobos ? Certainement, faudrait regarder. »
C’est jusque devant la belle gare des Brotteaux que vous emmène Marianne Bétinas. Devenir libraire ça remonte sans doute à plus loin qu’elle le pense puisqu’elle lisait même avant de savoir lire.
« Je sais pas si je le dis ? Ça va être la honte, mais je le dis quand même : je prenais mes livres (je viens de la campagne), je prenais mes livres pour lire des histoires aux chèvres. Il parait que c’est meilleur pour le lait. Je savais même pas lire à l’époque donc je prenais mon livre à l’envers et j’allais me mettre avec les chèvres, et je leur racontais. »