Une plongée dans les oreilles du pionnier du dancehall
King Jammy, honorable disciple de King Tubby est l’auteur de l’immortel, avant-gardiste, mythique SLENG TENG RIDDIM, le tout premier riddim digital. Le pionnier du dancehall, en fait. Après, ce seront 30 ans de carrière et de prods qui auront fait chanter la crème jamaïquaine, de Wayne Smith à Black Uhuru en passant par Dennis Brown, Sugar Minott ou encore Johnny Osbourne.
Voyage dans les oreilles de l’un des chantres de la production jamaïquaine contemporaine ; une légende toujours en activité : KING JAMMY.
King Jammy se rappelle avoir été marqué par la voix de velours de Nat King Cole.
King Jammy est un producteur, un père de famille et le propriétaire de son propre soundsystem. Comme pas mal de jamaïquains, ses premiers souvenirs musicaux sont des morceaux de R&B américain qui passaient dans les années 50 sur les radios jamaïquaines.
Attention hein, le R&B de l’époque sonnait autrementqu’aujourd’hui, et le petit King Jammy qui n’est alors que l’ombre d’un prince est fan d’un certain Otis Redding. « Mon artiste à moi c’était Otis Redding. J’adorais sa voix et le fond musical, avec tous les cuivres… La première musique dont je suis tombé amoureux, c’était son Dock Of the Bay ». Otis Redding aime les cuivres, dans toutes les musiques qu’il écoute. Des groupes de musique d’église et des soundsystems ; en Jamaïque, la musique est partout, tout le temps.
Le petit King Jammy possède sa platine et son enceinte. Il a déjà son soundsystem. Un ami à lui rapporte des disques qu’ils jouent et écoutent, ensemble. Du R&B, les Skatalites… King Jammy se rappelle avoir été marqué par la voix de velours de Nat King Cole qui lui ouvre de nouvelles visions musicales, qui lui donne envie d’enregistrer d’autres voix, d’obtenir lui-même cette qualité, cette pureté.
En tant que producteur, ce sont les voix qui interpellent King Jammy. Frankie Paul, Johnny Osbourne, Leroy Gibbons… On peut dire qu’il en aura eu pour ses oreilles, avec chacun ses caractéristiques propres. Il adore celle de John Holt qu’il trouve troublante, captivante, différente de toutes les autres ; il l’écoute très régulièrement. Jammy reste au plus près des voix jamaïquaines : il travaille toujours dans le ghetto. Avant de partir, ému, il fredonne Johnny Be Good de Chuck Berry. Le rock et le R&B, piliers de la musique jamaïquaine.
« Quand tu composes un riddim, tu imagines quelle voix pourrait poser dessus ». Producteur mondialement reconnu, régulièrement réédité, King Jammy a marqué de son sceau l’histoire de la musique jamaïquaine. Amoureux des voix, prodige de la production, sa carrière aura été le réussi mélange des deux : une voix, une prod. L’essence.
Two elements, one love.
Article inspiré de l’émission Dans les oreilles de… Entretien réalisé par Isadora Dartial.