Le nouvel EP de Moodoïd, projet de Pablo Padovani, s’ouvre avec un morceau illustré par l’un des clips les plus réussis de l’année.
“Le soleil dort et plonge la journée dans un lointain souvenir / Sans un remords il nous a quittés dans un dernier soupire”.
C’est avec une poésie toujours très lunaire (dans le sens, “proche de la Lune”) que Pablo Padovani ouvre le titre “Memories”, qui lui-même ouvre PrimaDonna vol.2, un nouvel EP où ce sont, à côté de Pablo, des femmes qui sont mises à l’honneur. Say Lou Lou, Juliette Armanet ou Melody’ Echo Chamber (qu’il a un temps accompagné à la basse) sur le volume 1, Lottie P, DORA ou ZOMBIE-CHANG sur le volume 2.
Sur cet EP, Olivia Merilahti est là aussi, la chanteuse de The Do qui se fait appeler Prudence et qui accompagne Pablo sur “Memories”, peut-être le morceau le plus réussi de Moodoïd depuis “Je suis la Montagne”, la petite merveille qui vous avait fait connaître, sur Nova, ce multi-instrumentiste et vidéaste (il signe une partie de ses clips) qui baigne, depuis son premier EP en 2013, dans une pop sensible où les synthés fabriquent des mélodies new-wave, psyché, jazzy. De la pop enfumée, perchée, érotique, pleine de paillettes, de strates et de couches qui se dévoilent au fur et à mesure des écoutes.
Chez Moodoïd, les idées sont vastes et le plus souvent empreintes de rêves où le réel peine à se différencier de ce qui ne l’est pas vraiment. L’adage, une fois encore, de ceux qui passent une partie des journées dans “La Lune” (du nom d’un morceau qui apparaissait déjà sur Le monde MÖÖ, premier album sorti en 2014 et qui avouait, entêté et négligé, être “dans la Lune à chaque instant”).
Pour le très beau clip de “Memories”, une nouvelle fois réalisé par Pablo Padovani, on est cette fois confronté à une caverne où sont entreposés les “memories”, qui prennent “tous types de formes et de matières.” Les deux protagonistes y circulent et explorent les lieux comme s’ils tentaient de se rappeler, et l’image est belle, les histoires partagées hier devenues aujourd’hui des souvenirs parfois vaguement lointains, et parfois dangereusement proches.
“Imaginez un monde où les souvenirs sont physiquement figés comme des sculptures dans une grande pièce aux proportions infinies…”, dit le pitch du clip. Imaginez et plongez dedans, ajoute-t-on afin d’ouvrir la porte de l’une des plus belles vidéos qui nous a été donnée à voir cette année dans la pop qui se fabrique de ce côté du monde… et de ce côté de la réalité.