Le collectif Perreo Supremo agite les bassins parisiens depuis un an et souffle sa bougie le 10 juin à la Machine du Moulin Rouge. Au programme, initiation à la danse, au deejaying et perreo hasta abajo.
Perreo Supremo, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre. Celle de deux passionnées de reggaeton qui veulent bousculer les pratiques associées à cette musique. Carla Naté est chorégraphe et professeure de perreo, Anaïs Condado, quant à elle, gère la programmation de La Machine du Moulin Rouge, club bien connu des fêtards parisiens. Rêvant depuis longtemps de lancer des soirées reggaeton dans la salle, Perreo Supremo est la consécration de cette rencontre. Depuis un an, le crew propose donc des cours de danse sur le dancefloor de la Machine. Des ateliers où le consentement est la base des leçons et où on apprend à danser à deux comme en solo.
Perreo Hasta Abajo
Chaque genre musical à sa danse. Pour le reggaeton, c’est le perreo qui dicte les pas depuis son émergence dans les années à Puerto Rico dans les années 80. Sur la piste, c’est au niveau du bassin et des jambes que l’on travaille, et ça se danse à plusieurs, ou seul, comme le dit si bien la superstar de la musique latine Bad Bunny dans son titre « Yo Perreo Sola ». Dansé dans les 400 recoins de la planète, le crew a décidé d’en être l’ambassadeur à Paris.
Après les ateliers, la suite logique était l’organisation de soirées. Lancée dans la foulée de leurs premiers rendez-vous dansants, les soirées Perreo Supremo transforment le central de la Machine en sauna, où l’on passe des hits du reggaeton moderne et classique, le tout mixé par des DJs qui se font les passeuses et passeurs de ce mélange.
Là où certaines soirées mettent les producteurs et DJ au centre de l’attention, les événements Perreo Supremo conjuguent à part égales « musique et danse. Et la danse est aussi importante que la musique et que le ou la DJ. C’est vraiment remettre les deux au même niveau. »
Il faut y assister pour comprendre. Lors de leurs festivités, tout le monde connait les paroles, la scène est habitée par des danseuses et danseurs qui font des démonstrations des pas, mais aussi de l’attitude à adopter, par exemple, comment aborder quelqu’un pour lui proposer une danse en restant respectueux. Le consentement dans la danse est l’une des clefs de voûte de la philosophie du collectif.
Autoestima Hasta Arriba
Cette philosophie est présentée sur le compte Instagram du Perreo Supremo. Le collectif y rappelle que la danse, c’est politique, et que puisqu’elle implique des corps qui bougent ensemble, le consentement rentre en jeu. Dans leurs posts comme dans leurs ateliers, les membres du collectif rappellent que tous les corps sont libres, et que ces danses permettent l’émancipation.
Comme l’explique Anaïs Condado, pour ces soirées, elles souhaitaient « faire un espace inclusif, bienveillant, body positive aussi, où on a le droit d’être sexualisé, ou pas. On choisit la manière dont on a envie d’exposer son corps, à travers une musique qui parle du corps. » Cette manière de pratiquer le perreo renverse les codes d’un genre qui se dansait à l’origine à deux et dont les mooves avait déclenché une panique morale chez les grenouilles de bénitiers et les observateurs les plus conservateurs.
Celles qui le dansaient se voyaient stigmatisée, méprisées. Avec l’explosion du reggaeton à l’international, la popularisation de la pop latine et de son esthétique, et la naissance de courants modernes liés au genre, comme le neoperreo, le climat a changé. Les représentantes actuelles du perreo militent pour retourner les stigmates et s’en servent comme d’un vecteur de libération. Une pensée inclusive que l’on retrouve dans les activités proposées par le Supremo.
Pour fêter leur premier anniversaire, Perreo Supremo a décidé d’ajouter un nouveau pas à sa choré en proposant un cours d’initiation au deejaying. Partant du constat que cette pratique est essentiellement dominée par les hommes, l’initiation qu’elles proposeront ce samedi 10 juin sera en « non-mixité, donc pour les minorités de genre, les femmes, personnes non binaires, trans », le but est d’équilibrer la balance en proposant aux personnes sous-représentées un espace d’expression tout en les formant à l’art d’être DJ.
De la même manière, les cours de danse abandonnent l’aspect compétitif des battles propre au perreo qui peut intimider les novices. Il est important pour le Supremo que l’activité soit accessible pour celles et ceux qui ne l’ont jamais pratiquée, en s’efforçant de « toujours faire un cours niveau débutant ou même une initiation. Il y a vraiment tous les âges qui ont plié les genoux ».
Ce samedi, Perreo Supremo fêtera donc un an de cassage de reins, il y aura des cours de danse l’après-midi comme d’habitude plus un nouvel atelier d’initiation au deejaying. La nuit venue, le collectif fêtera la date avec une soirée Reggaeton Gang Fusion, qui invite des collectifs franciliens et européens de la sphère reggaeton a perrear ensemble. Si vous préférez maitriser les mooves avant de vous lancer dans l’arène, vous pourrez toujours assister au cours régulièrement donné à La Machine, rendez-vous sur la page du collectif Perreo Supremo pour ne pas louper les prochaines dates.