Ironie du destin, je vous écris ces lignes depuis l’une des villes où Danyèl Waro fut en prison… Peut être même qu’on s’était fait signe à l’époque… Car, gamins, chaque fois qu’on passait devant la prison de Vannes, on faisait de grands signes aux détenus du dernier étage dont les fenêtres surplombaient le mur d’enceinte. On savait que parmi eux, il y avait des insoumis. Pas les copains de Jean Luc, non, mais ceux qui, en ce temps là, refusaient de faire leur service militaire.
Cherchez pas, les mômes, tout ça se passait vers la fin des seventies. Une époque merveilleuse où l’on pouvait te mettre facilement en tôle pour tes idées. Et si possible, très loin de chez toi pour bien t’emmerder. C’est comme ça que le réunionnais Danyèl Waro se retrouva incarcéré dans notre tranquille préfecture bretonne.
Il faut dire qu’il cumulait… Refuser la belle expérience initiatique du service militaire, défendre une culture de petits pauvres, de plus ou moins mal blanchis, descendants d’esclaves, de bagnards ou de ploucs bretons mal dégrossis, chanter en patois sur des musiques de sorciers bamboulas, être communiste, rouquin et pire que tout : Autonomiste.
Ah, j’oubliais, têtu comme c’est pas permis… Car Danyèl Waro n’a jamais lâché l’affaire… Il devient l’un de ceux qui, bravant l’interdit, vont donner une seconde vie au Mayola, et tout en préservant la culture populaire créole, lui donner une dimension plus politique, l’adapter aux combats d’aujourd’hui et, (c’est le pompon) la faire connaitre au monde entier, la sauvant ainsi définitivement de la censure des franquillons.
Un poète et un guerrier donc, au service d’une musique contée, chantée, incantée, percutée et au final dansée.
Pour ouvrir ce bal poussière d’un soir au Confort, et au cas où vous doutiez que les esprits des ancêtres soient bien là ce soir là, l’envoutante Ann O’Aro se chargera de les rassembler avant de décliner, en créole à l’envers, ses récits de trip(e)s sans tabous.
Gagnez des places pour ce concert en jouant juste en dessous ! Trouvez le mot de passe sur la page Nova Aime.
Danyèl Waro, Ann O’Aro, mardi 26 novembre, Confort Moderne, Poitiers.