Rencontre avec l’une des figures de proue du maloya réunionnais, chez lui, sur son île
A l’occasion d’un déplacement sur l’île de la Réunion, RKK aka La Galette s’en est allé contrôler la discothèque de Danyel Waro, griot réunionnais, poète, résistant, majestueux joueur de kayamb et, sur scène, complètement hypnotique.
Un personnage ovniesque et incontournable de la culture de l’océan indien et de son maloya. Rencontre à 350 m d’altitude, chez ceux qu’on appelle là-bas les blancs des hauts.
Meneur d’une nouvelle scène maloya aux côtés d’artistes aussi variés que Zong, Nathalie Natiembe, Gilbert Pounya ou Davy Sicard, Danyel Waro fascine et détonne. Peu lui importe: il vit son maloya.
La Réunion a toujours été un berceau de différentes cultures, un paradis pour les couples mixtes et les beautés qui en résultent. Aussi influencée par les cultures indiennes qu’africaines et occidentales, la musique et les esprits Réunionnais transpirent ces origines métissées.
Le contrôle discal du griot s’ouvre d’ailleurs sur un disque du chanteur azéri (d’Azerbaïdjan, donc) Alim Qasimov. Alors que Danyel Waro revient d’Inde où il a donné dix concerts (et tous les réunionnais ont un peu de sang et de culture indienne), il nous parle de son nouveau disque, déjà dans les bacs. Aou Anmwin (de toi à moi) parle des rapports entre les gens, et notamment des rapports sociaux, incluant soumission et domination. L’assistanat plutôt que le développement, la dépendance plutôt que la dignité.
Il nous raconte sa rencontre et sa collaboration avec le MC sud-africain Tumi (de Tumi & The Volume).
Danyel nous emmène ensuite en Argentine puis nous parle d’Alain Peters (photo ci-dessous), un ami qu’il a fréquenté à la fin des années 70. Peters, c’est un ancien musicien qui participera activement au développement du maloya réunionnais, un poète, un troubadour qui, freiné par l’alcool, ne se produira jamais réellement sur scène.
Waro nous fait écouter les sonorités orientales et méditerranéennes de Samir Joubran. Des mélodies qui ont particulièrement marqué Sami, le fils Waro, et qui colorent aujourd’hui le maloya du rejeton, également musicien de son état. D’ailleurs, la jeune génération le pousse t’elle au cul? « Pas qu’un peu! » sourit Waro, précisant que cette jeune scène alimente sa façon de créer, enjolive et épice ses productions.
Il y a une quarantaine d’années, le maloya n’était pas que mal vu : il était réprimé, puni. Waro compare cela, dans une moindre mesure, à l’esclavage, des gens non considérés comme des hommes, des femmes.
« Mais ça continue aujourd’hui: notre histoire n’est pas réglée avec le noir, le malgache, l’indien, l’africain… Tout ce qui n’est pas dans la norme catholique. A la Réunion, nous sommes entre la négritude, le communautarisme, l’ethnique: on est dans ce que j’appelle moi la batardité. Je dis bâtard car il faut déranger pour être entendu. Nous sommes beaux, je suis pour la désobéissance ».
L’émission se termine avec la version créole Waro de la Mauvaise Réputation, de Brassens. Un morceau que l’on retrouve sur la compilation de notre camarade et programmateur de Nova Emile Omar, « Brassens, Echos du Monde ».