Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Darius, Oasis
Nous vous proposons de démarrer cette sélection hebdomadaire par une douceur. Celle-ci se passe quelque part entre la piste de danse et les draps douillets que vous possédez peut-être. Ce quelque part est probablement un rêve ou une réalité, vous êtes chanceux, où l’on danse en gobant des nuages. Vous voici dans l’Oasis du producteur Darius, qui signe un second album où la house se rapproche de la pop et copine toujours avec la soul, le funk, le R&B bref, un gentil ménage à plusieurs qui fait beaucoup de bien. Également : un feat. avec Kadhja Bonet et un petit velouté nommé « Material Girl ».
Blundetto, Cousin Zaka Vol II
Douceurs encore, mais en extérieur, cette fois, dans le jardin de Blundetto et aux côtés du dieu de la paysannerie et de l’agriculture dans la culture Vaudou — le bienheureux Zaka. Notre ancien programmateur (quinze piges dans la maison Nova, ça marque), cultive doucement son éden, papillonne avec les insectes, respire l’odeur des fleurs et se délecte de la caresse des arbres comme de l’herbe humide qui gazouille sous le pied au petit matin. Il fait ce genre de choses — en tout cas, on est en droit d’imaginer qu’il les faits — et il compose, aussi, une musique qui s’éloigne du dub digital de ses débuts pour se concentrer, exclusivement, sur une musique instrumentale où interviennent des invités de choix : une « Puce » oui, d’accord, un chien à l’haleine heureuse, bon ok, mais aussi des humains comme Laurent Bardainne, Thomas Naïm ou Paul Bouclier. Une musique qui fait tellement du bien qu’on a plus tellement envie d’écrire dessus, mais plutôt, en fait, de continuer à l’écouter.
Schvédranne meets Jack Hirschman, Vanity Vanity All is Vanity
Prenons aussi le chemin, de traverse assurément, que nous propose le beatmaker Schvédranne, qui s’associe le temps d’un disque qui vagabonde dans toutes les directions et qui a croisé, en chemin, celle du poète californien Jack Hirschman, qui a pour fait d’arme notable de s’y être opposées, aux armes, et notamment à celles qui ont assiégé le Vietnam — c’était il y a longtemps. Viré de la fac, ses propos sont devenus des poèmes beatnik, des chansons parfois, nous les retrouvons aujourd’hui sur ce disque qui comporte notamment un morceau, « Venezia », en featuring avec un français qui chante en anglais avec un accent de français qui s’appelle Robert Spleen (c’est sans doute un surnom). Le clip, tourné dans la plus belle ville du monde (Venise) est également à voir afin de se perdre, encore, en chemin. Trouvez-en d’autres, il y en a plein.
King Gizzard & The Lizard Wizard, Omnium Gatherum
On fête aussi, car toutes les occasions sont bonnes pour faire des fêtes, le 8775e album de King Gizzard & The Lizard Wizard (20 depuis 2012, en vrai, chiffre colossale), groupe le plus prolifique de tout Melbourne, de tout l’Australie, de toute la scène rock indie psyché actuelle. Les mecs sortent des disques autant que certains rappeurs sortent des mixtapes et le pire dans toute cette histoire, c’est qu’ils sont très bons, la plupart de ces disques, qui sonnent parfois ostentatoirement pop et parfois carrément heavy metal — grand écart. Celui-ci, Omnium Gatherum, tire la carte rock heroes qui prend son temps (le morceau d’ouverture dure plus de 18 minutes…) et qui rencontre des intentions pop, hip-hop, heavy. Un gros bazar, une fois encore, dans la secte du King Gizzard. Un album à écouter fort pour que vos voisins comprennent que vous êtes affiliés à la troupe de mages la plus cool et la plus talentueuse de la scène indie internationale.
Pusha T, It’s almost dry
Terminons avec le retour de Pusha T, rappeur révélé dans le groupe The Clipse il y a une vingtaine d’années et qu’on assimile depuis largement au Cocaïne Rap — catégorie du gangsta rap dont vous n’avez sans doute pas forcément besoin qu’on vous explique d’où provient cette appellation. Push T, ennemi public de Drake — qu’il a clashé sur le très violent « The Story of Adidon » —, proche de Kanye West — il est signé sur son label GOOD Music et c’est Kanye qui produit ce disque —, de JAY-Z ou de Pharrell Williams — qui posent en feat. sur « Neck & Wrist ». Il est donc de retour avec un disque dont on retiendra les hauteurs « Just so you remember », ou « Diet coke » (encore une histoire de coke, ouais) et qui confirme qu’on peut être dans le secteur depuis vingt ans et être capable de sortir encore de très bons disques de rap.