Quand perceptions et fantasmes économiques butent contre la réalité
Comment se représente-t-on la répartition de la richesse au sein d’une nation ? Comment voudrions-nous qu’elle soit répartie et comment l’est-elle en réalité ?
Trois questions et trois domaines de réflexion distincts se dessinent : celui de la représentation, de l’idéal et de la réalité. Transposé dans l’imbittable verve lacanienne, on retrouve le fameux RSI, Réel, Symbolique, Imaginaire. Un Réel « impossible » ou inaccessible, un symbolique « meurtrier de la chose » qui, à force de langage, obstrue le réel et un imaginaire idéalisé, creuset de tous nos fantasmes.
Une vidéo découverte sur l’excellent webzine GOOD tente à sa manière de dévoiler le réel de la répartition des richesses aux Etats-Unis, par delà la perception et les fantasmes qu’on nourrit à son endroit. Elle illustre l’étude d’un professeur d’économie à Harvard qui a sondé 5000 Américains pour dévoiler la manière dont il se représente la distribution des richesses dans le pays.
Force est de constater que la réalité économique américaine n’a rien à voir avec la manière dont l’opinion se la représente, et encore moins – mais c’était prévisible – avec la manière dont elle aurait souhaité qu’elle fût.
Pour nos amis non-anglophones, 2 chiffres sont à retenir :
– 1% de la population américaine possède 40% de la richesse nationale.
– un PDG moyen gagne 380 fois le salaire d’un ouvrier moyen.
Rien de tel, finalement, qu’une bonne effraction du réel dans le symbolique pour se rendre compte de la distance (réelle) qui nous sépare de l’idéal.